Fleur Barron (Dido), Matthew Brook (Aeneas), Giulia Semenzato (Belinda), Avery Amereau (Sorceress), Hilary Cronin (Second Lady), Nicky Spence (Sailor), Tim Mead (Spirit), La Nuova Musica, dir. David Bates.
Pentatone (1 CD). 2022. Notice en anglais. Distr. Pentatone.
 
S’avisant de sa quasi-homonymie avec le héros de Psychose, David Bates cesse de jouer les bons élèves fadasses (Orfeo de Gluck) pour se changer en sale gosse. Place au baroque façon Tim Burton : l’ouverture commence blafarde avant de tressauter, le tonnerre annonce les sorcières avant la fin de l’acte I, d’énormes accords d’orgue et de violoncelles (pas moins de quatre) annoncent chaque entrée d’Aeneas tandis que la harpe dégouline avec l’Esprit et les dames, les notes super-inégales s’accompagnent d’hyper-staccato ou d’extra-rallentando, de tonitruantes percussions changent « Ruined ere the Set of Sun » en marche militaire avant qu’« Often she visits » ne prenne des allures de tango argentin. Pour enfoncer le clou de l’expressionnisme, les messieurs rugissent. Les dames s’en sortent mieux : certes, Fleur Barron, qui n’est pas la distinction incarnée, cède parfois au vérisme – il n’empêche qu’elle sait phraser, tout autant que la coupante Enchanteresse d’Avery Amereau et la Belinda belcantiste, aux gracieux ornements, de Giulia Semenzato. En outre, l’orchestre et, surtout, le chœur (superbes basses et altos, ligne et élocution) ne manquent pas d’atouts – lorsqu’ils se dispensent de leurs horribles effets de soufflet. Lors du concert mis en espace qui l’a vue naître, cette lecture a pu faire illusion ; dommage que le disque en surexpose les outrances.
 

O.R