DG 00289 479 2274 (33 CD). Distr. Universal.

1864... 2014 : année Strauss oblige, chacun y va de son coffret. Et Deutsche Grammophon y va carrément : une intégrale des opéras, qui commence par le Guntram d'Eve Queler et que complète le disque de Lieder par Jessye Norman et Kurt Masur. Le reste est connu et se range souvent parmi les références. Le live concurrence le studio : Salzbourg pour L'Amour de Danaé de Clemens Krauss et La Femme silencieuse de Böhm, Vienne pour la Daphné de Böhm, Munich pour l'Arabella de Keilberth, quatre versions désormais historiques. Les classiques se situent au plus haut, avec le Capriccio de Böhm, souvent sous-estimé, La Femme sans ombre de Solti, une des plus réussies, son Elektra volcanique, son Chevalier à la rose un peu trop négligé, la sulfureuse Salomé de Sinopoli - moins heureux dans Ariane à Naxos. Côté œuvres plus rares, on est bien servi aussi : délicieux Intermezzo de Sawallisch, flamboyante Hélène d'Egypte de Dorati, beau Friedenstag de Sinopoli. Pas d'inédit, donc ? Si, un Feuersnot en concert, par la Radio de Berlin, en 1978. Entre Guntram et Salomé, il faut connaître ce « poème chanté en un acte », une histoire de magicien où les réminiscences de Hänsel et Gretel croisent des anticipations du Chevalier à la rose et de la Femme sans ombre - Strauss n'a d'ailleurs par renié ce Feuersnot. Erich Leinsdorf est évidemment à son affaire, débordant de lyrisme généreux, comme toujours dans ce répertoire. Malgré du tirage dans les notes les plus aiguës, Gundula Janowitz forme avec un splendide John Shirley-Quirk, un couple de choix entouré par un excellent ensemble. Il faut (re)découvrir Feuersot.  Cela dit, on peut s'interroger sur les choix éditoriaux : puisque les versions Solti figurent déjà dans son coffret Strauss, puisque nous sommes chez Deutsche Grammophon, pourquoi ne pas avoir réuni les opéras dirigés par Böhm et figurant, parfois à travers deux versions, au catalogue de la maison : Arabella, Ariane et Chevalier de Salzbourg, Elektra de studio avec Inge Borkh ? C'est ainsi qu'on rate les Révérences... à moins qu'on ne nous réserve un coffret réunissant tous les Strauss de Böhm, opéras et poèmes symphoniques. Si c'est le cas, on s'incline.

D.V.M.