Peter Bronder (Rienzi), Claudia Mahnke (Adriano), Christiane Libor (Irene), Falk Struckmann (Steffano), Daniel Schmutzhard (Orsini), Alfred Reiter (le Cardinal), Beau Gibson (Baroncelli), Peter Felix Bauer (Cecco), Frankfurter Opern-und Museumorchester, dir. Sebastian Weigle (live 2013).
CD Oehms Classics OC 941. Prés. et livret all. Distr. Abeille Musique.

Enregistré en public, comme déjà Les Fées et La Défense d'aimer, ce Rienzi complète la série des ouvrages du jeune Wagner dirigés par Sebastian Weigle sans le même privilège de la rareté. Pas plus que ses prédécesseurs il ne présente la version complète dont on attend toujours une édition commerciale (l'intégrale d'Edward Downes, de 1976, est un pirate difficile à trouver) mais un « digest » de 2 h 35 où figurent néanmoins quelques pages souvent coupées. C'est tout de même une bonne demi-heure de moins que la version de référence dirigée par Sawallisch ; du moins, en contrepartie, le rôle travesti d'Adriano est-il confié à une mezzo et non à un baryton.

La prestation de Claudia Mahnke est d'ailleurs particulièrement impressionnante d'engagement dramatique et, si la voix n'est pas irréprochable, avec un vibrato un peu brouillon, le personnage est vraiment là ; sa grande scène de l'acte III est irrésistible. On regrette la coupure de son duo avec Irène au premier acte car cette dernière voit son rôle, bien tenu par Christiane Libor, encore plus effacé que d'ordinaire. Sauf un Cardinal enrhumé, les comprimari sont bien distribués. Quant à Peter Bronder, aux prises avec l'un des emplois les plus éprouvants du répertoire, il se garde à juste titre de tout chanter en force et, avec un timbre clair, une diction nette, de la conviction et de l'élan, ses exhortations, tout comme sa prière du dernier acte, ne permettent guère de réserves ; le bas médium reste son point faible, mais c'est le revers de la médaille.

La direction de Sebastian Weigle qui, dans l'ouverture, ne semblait pas guidée par un souci bien aigu du phrasé, dévoile ses qualités au fil de l'ouvrage porté par un souffle tragique sans épaisseur tudesque. Servi par une prise de son précise, l'orchestre incisif révèle des détails dont on ne se souvenait pas et, comme le chœur n'est pas en reste, une heure de plus aurait pas été bienvenue ; à condition toutefois de disposer d'une traduction du livret. Dans l'état actuel de la discographie c'est sans aucun doute la meilleure version récente.

G.C.