BarockOpera Amsterdam, dir. Frédérique Chauvet (2013).
CD Ligia0202264-13. Notice et livret en français. Distr. Harmonia Mundi.

« Son œuvre préférée » : c'est ainsi que le BarockOpera d'Amsterdam qualifie le « semi-opéra » King Arthur (1691). Et cela s'entend : à l'écoute de ce coffret, nous avons vraiment l'impression d'assister en direct à une représentation endiablée. Bien que l'œuvre n'ait pas été captée sur scène, on croit presque voir les choristes changer de costume, les toiles peintes coulisser, les instrumentistes passer derrière ou devant le plateau, tandis que les chanteurs-acteurs résument alternativement l'action embrouillée par de très brefs textes de liaison. A la tête d'un orchestre cohérent et réactif - excellents clavecin et bassons, bel équilibre instrumental de la Passacaille -, Frédérique Chauvet assure le dynamisme de l'ensemble grâce à sa direction « tenue », tonique, vigoureuse (parfois trop), sans que disparaisse pour autant l'agréable sensation d'improvisation. Mais cette approche collégiale a sa contrepartie : pas de grands moments de chant ici, la plupart des solistes étant soit juste agréables (la basse Pieter Hendriks), soit franchement insuffisants (la soprano Wendy Roobol, droite, trompettante, pénible). En outre, Chauvet mise beaucoup moins sur l'expressivité, la poésie, le contraste des climats que sur l'animation théâtrale et le brio. C'est un choix qui peut se défendre mais qui ne suffira pas à imposer cette version face à son importante concurrence (Deller, Pinnock, Gardiner, Christie, Niquet, etc.)...

O.R.