Aleksandra Orłowska-Jabłońska (Wanda), Hubert Stolarski (Bojomir), Jadwiga Niebelska (Łucja), Tomasz Raff (Nikita). Orchestre symphonique Juventus, dir. Michał Niedziałek (2012).
CD Dux 0655. Distr. Dux.

Le vrai premier compositeur « national » polonais, avant même Chopin ou Moniuszko, c'est Karol Kurpiński (1785-1857), directeur de l'Opéra de Varsovie en 1824. A la fois musicien plus ou moins officiel d'un « royaume de Pologne » dont le tsar est le roi et patriote fervent, qui écrira la partition de « La Varsovienne de 1831 », hymne des insurgés de novembre 1830, sur des vers de Casimir Delavigne. Musicalement, il voue une grande admiration à Rossini, dont Le Barbier de Séville inaugurera le Grand Théâtre en 1833. Cela se sent dans son Château de Czorsztyn, bref opéra-comique avec dialogues parlés, où l'influence française apparaît aussi, sur une intrigue simple : Bojomir, le protagoniste, retrouve sa bien-aimée Wanda dans un château qu'on croyait hanté. Une partition créée en 1819 - deux mois jour pour jour avant la naissance de Moniuszko - sous sa direction, riche en rythmes de danse, polonaise ou mazurka, qui ne pouvait que toucher le public de l'époque. Bojomir, comme plus tard les deux frères du Manoir hanté de Moniuszko, n'incarne-t-il pas le soldat prêt à tout endurer pour défendre sa patrie ? Pas besoin de grandes voix pour défendre ce Château de Czorsztyn : chanteurs et musiciens, tous de la jeune génération, ont ce qu'il faut de fraîcheur et d'engagement, à commencer par Aleksandra Orłowska-Jabłońska, sous la direction vive et svelte de Michał Niedziałek. Une première au disque, fort bienvenue.

D.V.M.