Bernard Lefort (le Podestat), Fanély Revoil (Véronique), Claudine Collart (Laurette), Alexander Young (Silvio). Royal Philharmonic Orchestra, dir. Stanford Robinson (enr. BBC 7 février 1954).
Cameo Classics CC9113. Présentation et synopsis en anglais. Distr. Outhere.

 

Une opérette en un acte, quatre personnages, un orchestre modeste : tel était, en 1856, le cahier des charges du concours organisé par Offenbach pour les Bouffes-Parisiens. Bizet et Lecocq se retrouvèrent ex aequo, chacun ayant droit au même nombre de représentations de leur opéra-comique sur un livret du jeune Ludovic Halévy, appelé à l’avenir que l’on sait. L’intrigue est convenue : pour épouser sa belle, un militaire doit se déguiser, en cuisinier puis en médecin. Si la partition de Bizet est connue et enregistrée, celle de Lecocq tomba dans un oublié immérité : elle ne pétille pas moins, avec les mêmes références à l’opéra-comique français ou au buffa italien – Bizet parodie aussi le grand opéra, en particulier au moment du fameux quatuor de l’immangeable omelette.

En 1954, la BBC ressuscitait les deux œuvres, sous la direction pleine de verve et de finesse de Stanford Robinson – à la tête de l’orchestre de sir Thomas. Heureuse idée, qui nous vaut aujourd’hui deux CD savoureux, échos d’une certaine époque et d’un certain esprit français. On ne s’étonnera donc pas d’entendre les dames chanter un peu pointu – juste ce qu’il faut pour nous rendre nostalgiques, d’autant plus que Claudine Collart est délicieuse et Fanély Revoil pétulante. L’accent d’Alexander Young, certes inattendu ici, ne messied nullement au jeune Silvio, qu’il chante avec l’élégance stylée qu’on lui connaît. Le Podestat de Bernard Lefort nous rappelle qu’avant de diriger festivals et scènes lyriques, notamment l’Opéra de Paris, il commença baryton. L’omelette est ratée, mais on se régale – sans oublier Christiane Eda-Pierre et Robert Massard à Radio France (CD Opera d’Oro, dir. Amaducci).


Didier van Moere