Roberto Alagna (Roméo), Angela Gheorghiu (Juliette), Vratislav Křiž / Pavel Novák (Mercutio), Aleš Hendrych / Jan Šváb (Capulet), František Zahradniček / Daniel Lipnik (Frère Laurent), Zdeněk Harvánek / Marcel Acquarone (Pâris). Chœur de l’Opéra national tchèque, Chœur Pavel Kühn, Orchestre de chambre tchèque, dir. Anton Guadagno. Réalisation : Barbara Willis Sweete (2002).
DVD et BR Arthaus Musik 109261. Ni notice ni synopsis. Distr. Harmonia Mundi.

Ah, le bon temps des films d’opéra en play-back… Ainsi de ce Roméo et Juliette à la gloire du couple Alagna-Gheorghiu tourné à Zvikov, « le roi des châteaux tchèques ». Superbe en effet, fièrement campé sur son rocher et dominant à la fois l’Otava et la Moldau, avec un magnifique parc. Mais aucune direction d’acteurs : même si les amants courent beaucoup, Barbara Willis Sweete reste aux abonnés absents. Dédoubler les chanteurs et les acteurs – sauf pour le couple – n’arrange pas les choses. De toute façon, ça passe vite : il ne s’agit que d’un digest d’un peu plus d’une heure, où la Cavatine de Roméo tient en 1’43 et où l’on passe directement, par exemple, du duo d’amour du deuxième acte à la seconde partie du finale du troisième – exit Stéphano, alors que Mercutio n’a pas chanté sa Ballade. Autant dire que ce charcutage ne présente pas la moindre cohérence. Les voix sont belles, mais invalidées par l’exotisme du français. Alagna et Gheorghiu ? Tels qu’en eux-mêmes, lui rayonnant, elle pas très adolescente. On retournera les écouter dans la seconde version Plasson, d’autant plus qu’Anton Guadagno ne fait qu’accompagner en patinant. Dommage pour le chœur de Pavel Kühn – on n’avait pas lésiné. Disons qu’on a découvert un château, entendu des chants d’oiseaux et vu un clair de lune... Et si vous voulez voir Roberto en Roméo, regardez vite le DVD de Covent Garden, où Juliette s’appelle Leontina Vaduva : ils y sont rayonnants… et dirigés par Charles Mackerras.

D.V.M.