Miah Persson (Comtesse Almaviva) et Gerald Finley (Comte Almaviva). © Charles Duprat/Opéra national de Paris

Vue en janvier, cette production peinait à convaincre sur le fond et l’Opéra ajoute finalement une mise en scène bien classique à son répertoire. À moins d’un an de distance, il était difficile de proposer une nouvelle production, on attendrait pourtant un spectacle plus fort à l’Opéra de Paris. Musicalement, l’hiver dernier, les choses étaient contrastées, elles le sont moins cette fois-ci, à notre plus grand désespoir.
 
On épargnera au lecteur une litanie de critiques ciblées quand les défauts sont, pour la plupart, partagés par l’ensemble du plateau : le chant est globalement plat, sans couleurs et parfois sans ampleur. La comtesse de Miah Persson présente un chant poli et sage, qui ne vibre ni de mélancolie, ni de l’affection qu’elle éprouve pour Suzanne, le comte de Gerald Finley pâtit de la fatigue vocale de l’interprète dont la voix n’a plus l’ampleur d’antan, et si le fin musicien perce encore sous l’œuvre du temps, le rôle est démesuré. Le Figaro de Luca Pisaroni semble moins en voix que l’hiver dernier et il pousse parfois le raffinement prosodique à parler plus qu’à chanter. Sa partenaire, Jeanine De Bique, double son timbre acide d’une émission parfois peu gracieuse et nasalisée sans qu’aucune incarnation ne vienne à son secours. Les mezzos tirent mieux leur épingle du jeu : Rachel Frenkel chante bien son Chérubin, le timbre est charnu et fruité, mais les émois adolescents peinent à convaincre, et on sourit de voir Sophie Koch en Marcellina ainsi réussir dans un contre-emploi.

S’il faut justifier cette reprise aux yeux du curieux, on cherchera du côté de la fosse et de la direction de Louis Langrée. Raffinée, mais surtout théâtrale, la lecture du chef repose sur une véritable capacité à conduire ses troupes et à tenir l’ensemble. Les tempos sont vifs au service d’une alacrité générale, vainement attendue en janvier dernier de la part du maître des lieux. Orchestralement, tous les éléments sont là pour faire pétiller Mozart, mais l’hiver est rude et long pour le chant mozartien. 

Jules Cavalié


Jeanine De Bique (Suzanne) et Miah Persson (Comtesse Almaviva). © Charles Duprat/Opéra national de Paris