Luca Lombardo (le Mage), Jean-François Lapointe (Amrou), Marcel Vanaud (le Roi), Catherine Hunhold (Anahita), Kate Aldrich (Varedha). Chœur lyrique et Orchestre symphonique de Saint-Étienne Loire, dir. Laurent Campellone (live 2012).
CD Editiones Singulares-Palazetto Bru Zane ES 1013. Livret et textes musicologiques fr./angl.

Grand succès public à sa création en 1891 à l'Opéra de Paris, totalement oublié depuis, Le Mage marque un tournant dans l'évolution de Massenet entre Esclarmonde et Thaïs. Captée lors du Festival Massenet de Saint-Étienne 2012, cette intégrale en concert n'a pas révélé un chef-d'œuvre mais une partition forte, concentrée et efficace, comme en témoigne l'accueil enthousiaste qu'elle a reçu. On est donc loin d'une résurrection destinée à satisfaire la curiosité des musicologues surpris de découvrir une partition à mille lieues de Manon et de Werther comme de La Juive ou de Parsifal, affrontant tous les poncifs du grand opéra avec un sens plus aigu du rythme dramatique que ses prédécesseurs.

Sans l'originalité qu'on attendrait de Jean Richepin, le livret sacrifie aux convenances du quatuor fatal : Zarâstra, guerrier iranien épris de la reine Anahita, est en butte à la jalousie impuissante de Varedha, fille du grand prêtre Amrou. Affrontements, duos d'amour, complots, défilés, ballet, chœurs religieux, incendie, rien ne manque, rien n'est manqué et l'intérêt dramatico-musical progresse d'acte en acte. Sans offrir les voix exceptionnelles requises par une écriture vocale très exigeante, la distribution tient ses promesses : tous très impliqués dans de lourdes prises de rôle sans espoir de reprise, ont le souci, en outre, de soigner leur diction. L'orchestre, bien servi par la prise de son, répond aux exigences d'un chef qui ne laisse pas la tension faiblir un instant.

La qualité littéraire et musicologique des textes d'accompagnement fait de ce livre-disque un guide pour pénétrer dans l'univers de Massenet par des chemins de traverse.

G.C.