Anna Carbonera (Adelaide), Katarzyna Otczyk (Adalberto), Gianluca Bocchino (Ottone), Daniele Antonangeli (Berengario). Coro Polifonico Città di Rovigo, Orchestra Regionale Filarmonica Veneta, dir. Franco Piva (Rovigo, 2012 live).
CD Bongiovanni GB 2458/60-2. Distr. DOM.

De Pietro Generali (1773-1832) on connaissait quelques bribes d'opéras buffas et son Adelina, comédie sentimentale de 1810, remontée par Bad Wildbad en 2010. Ses contemporains lui attribuaient l'invention du fameux crescendo maintenant associé à Rossini qui l'éclipsa sur les scènes italiennes à partir de 1815, et dont l'ouverture d'Adelaide di Borgogna offre un bel exemple. Si les influences croisées entre les deux compositeurs sont évidentes, elles n'empêchent pas l'originalité de l'aîné de se manifester, d'autant plus flagrante que le cadet avait composé lui-même une Adelaide en 1817, sur un autre livret. Créé en 1819 pour l'inauguration du Teatro Sociale de Rovigo, l'opéra révèle un tempérament dramatique et une invention mélodique qui soutiennent parfaitement l'intérêt. Remarquable, le grand duo de la rencontre entre les protagonistes transformé en trio par l'intervention de la mezzo. Plus étonnant encore, le finale du premier acte, d'une grande complexité d'écriture, bâti sur un septuor qui oppose les quatre premiers rôles aux trois comprimari, à la fois très virtuose d'écriture et très efficace dramatiquement. Il faudrait certes des chanteurs plus aguerris que les jeunes lauréats du Prix A. Belli de Spolète pour faire face aux exigences d'une écriture vocale aussi virtuose. La meilleure d'entre eux, Anna Carbonera, paraît encore un peu légère pour le rôle-titre. Quant à Gianluca Bocchino, il souffre beaucoup dans une tessiture de baritenore beaucoup trop large pour lui. Mais l'ensemble réussit pourtant à convaincre grâce à la direction de Franco Piva, auteur de l'édition critique, qui semble beaucoup croire à cette musique et parvient à la faire vivre à la tête d'un orchestre d'excellent niveau. Une intéressante découverte.

A.C.