Nicolo Donini (Atlas), Riccardo Angelo Strano (Tirsi, Bacchus), Barbara Massaro (la Dryade), Vittoria Magnarello (Celia), Paola Leoci (Clori), Elena Caccamo (Aminta), Chiara Manese (Fileno), Yasushi Watanabe (Ergaste), Ensemble Cremona Antiqua, dir. Antonio Greco (live, 2016).

CD Dynamic. Notice en anglais. Distr. Outhere.

Quinzième des dix-sept ouvrages scéniques attribués à Agostino Steffani (1655-1728), Bacchanales (Hanovre, 1695) n'est pas exactement un opéra mais un divertimento en un seul acte, à peu près dépourvu de trame. Nous sommes seulement conviés à contempler la vie (plus ou moins) idyllique des habitants du mont Parnasse, dédié à Bacchus, telle qu'on se la représentait dans l'Antiquité - bergers et bergères flirtent et se disputent, les nymphes pleurent leur solitude ou, au contraire, y aspirent, on improvise jeux, danses, mascarades, intrigues érotiques, avant de trinquer joyeusement... Si cette vingtaine de scènes décousues n'offre aucun suspens dramatique, elle laisse au compositeur toute latitude pour déployer son inventivité musicale, plus irrésistible que jamais : les arias da capo, dont la mode s'impose alors, côtoient les ariosos langoureux et des récitatifs follement ornés, sur le modèle de ceux de Cavalli, les ostinati et lamenti vénitiens se marient aux ballets à la française, de très jolis ensembles (quatuors) évoquent la musique populaire, les voix (à l'origine, sept sopranos, un castrat alto et une basse pour l'exigeant rôle d'Atlas, dans le Prologue) jubilent et les instruments scintillent (fréquentes parties solistes pour les hautbois, flûtes, violons et violoncelles).

Malheureusement, l'interprétation est assez médiocre. On doit d'abord en incriminer la prise de son sur le vif, qui nous vaut beaucoup de bruits de scène gênants ainsi qu'un chant qui, au disque, paraît forcé car destiné à un public distant. En outre, la technique vocale de la plupart des sopranos (et du contre-ténor, Strano) apparaît précaire, avec son placement pharyngé ou « dans le nez ». Exceptons-en la musicale Clori de Paola Leoci et le joli ténor de Yasushi Watanabe (dans le rôle de soprano transposé d'Ergaste). L'ensemble instrumental d'Antonio Greco, disciple de Fasolis, semble aussi un peu maigrichon, surtout du côté des cordes. On applaudit cependant la redécouverte. Après les résurrections soignées de Niobe et d'Orlando generoso, on espère désormais des enregistrements de même acabit d'Il Tassilone ou d'Henrico Leone...