Krassimira Stoyanova (soprano), Maria Prinz (piano).

CD Naxos 8.573501. Distr. Outhere.

Pour la première fois réunies au disque, les mélodies de Puccini surprennent : infiniment moins audacieuses de langage que son corpus scénique (et ce, y compris pour les plus tardives d'entre elles), fort brèves (moins d'une minute parfois !), elles allient la sincérité d'un panache mélodique efflorescent à un rapport chant-piano très conventionnel et à un diatonisme tonal qui les ancre dans une tradition plus proche de la canzone que de la mélodie de haute école - n'était un sens de la prosodie, du galbe plastique de la ligne vocale accordé au poème, toujours juste. Echelonnées des années de conservatoire - celles du compositeur en formation - aux années 1910 - celles de l'artiste à l'acmé de ses moyens -, elles égrènent des inspirations changeantes, tour à tour emphatique ou intimiste, hymnique ou familière, souvent d'une certaine naïveté tant dans la découpe que dans l'élan expressif, entre ingénuité et pathétique.

L'amateur d'opéra y reconnaîtra les germes de fragments par ailleurs si bien installés dans le répertoire qu'on a peine à imaginer qu'ils furent conçus en amont et dans un cadre si éloigné de l'action théâtrale qu'on leur connaît désormais : Salve Regina (1882) servira ainsi à la prière « Angiol di Dio » des Villi (l'année suivante) ; Storiella d'amore et Mentìa l'avviso (1883), au trio Tigrana/Franck/Edgar (Edgar, 1889) et à l'air de Des Grieux « Donna non vidi mai » (Manon Lescaut, 1893) ; Sole e amore (1888), aux adieux de Mimì (La Bohème, 1896) ; Canto d'anime (1904), à l'air de Rinuccio « Firenze è come un albero fiorito » (Gianni Schicchi, 1918) ; Sogno d'or (1912) et « Morire ? » (1917), au brindisi « Beve al tuo fresco sorriso » et à l'air de Ruggero « Parigi è la città dei desideri » (La rondine, 1917).

Si aucun chef-d'œuvre ne se révèle ici, ce récital n'en pas moins fondamental pour mieux connaître et comprendre l'inspiration de Puccini, d'autant qu'il est remarquablement interprété : Krassimira Stoyanova possède l'exact format vocal pour aborder ces miniatures aux ardeurs soudaines - aigus pleins et rayonnants, graves au métal solide ; plus encore, elle sait allier ces moyens généreux à une diction soignée et à une ligne châtiée droit héritée des Donizetti et Verdi qu'elle sert par ailleurs avec style, sans compter un art du mot et du son qui toujours reste dans le ton de la mélodie de chambre et jamais ne vire au grand déploiement opératique. Même bon goût du côté du piano, où Maria Prinz conserve délié, nuance et finesse du trait, même dans les moments les plus chaleureux. Une très intelligente réalisation.

C.C.