Joana Seara (Angelica), Lidia Vinyes Curtis (Medoro), Fernando Guimaraes (Orlando), Maria Luisa Tavares (Licori), Sandra Medeiros (Tirsi), Concerto Campestre, dir. Pedro Castro (2016).

CD Naxos 8573554-55. Notice en anglais. Distr. Outhere.

Prenant la suite de l'ensemble (plus fourni) Os Mùsicos de Tejo, conduit par Marco Magalhaes et signataire de deux beaux enregistrements consacrés à Almeida (Naxos), le Concerto Campestre de Pedro Castro s'attaque à la réhabilitation d'un autre Portugais mal connu : Joao de Sousa Carvalho (1745-1798). Hélas, cette fois, la sauce ne prend pas. Carvalho y est pour beaucoup, tant sa musique - que nous connaissions déjà à travers l'opéra Testoride Argonauta, gravé par Clemencic en 1990 - apparaît fade et peu inspirée. Encore Testoride bénéficiait-il d'un livret relativement dramatique ; tel n'est pas le cas d'Angelica. Créée en 1720 sur une musique de Porpora, cette sérénade avait vu les débuts conjoints de Métastase et Farinelli. Non destinée à la représentation, elle utilisait le classique épisode de la folie du paladin Roland trahi par Angélique, qui lui préfère le jeune Médor. Mais le délire amoureux ne se manifestait qu'en conclusion des deux parties de l'œuvre - le reste étant occupé par une dizaine d'airs gracieux et pastoraux distribués entre les trois protagonistes et un couple de bergers dont le sort faisait écho au leur. C'est peu dire qu'en reprenant ce galant prétexte, en 1778, Carvalho, sorte de sous-Haydn enchaînant les formules creuses, ne l'a pas transcendé !

Mais l'interprétation y est aussi pour quelque chose : Castro dirige assez mollement un ensemble comptant deux fois moins de musiciens que n'en utilisa Carvalho. Ses solistes vocaux, en outre (qui, comme les instrumentistes, se rencontraient déjà dans les enregistrements des œuvres d'Almeida cités ci-dessus), manquent de personnalité, et l'on confond souvent les quatre (mezzo-)sopranos - plus ou moins bien timbrées, plus ou moins métalliques - composant l'essentiel la distribution. Seul le ténor Guimaraes parvient à caractériser Roland dont, faute de disposer du panache exigé par le légendaire neveu de Charlemagne, il accentue le côté parodique : le choix se défend, étant donné le dénouement (le paladin reprend ses sens en s'apercevant qu'on fête, ce jour-là, l'anniversaire de la reine de Portugal)! Bref, en dépit de l'attrait du "World Première Recording", on s'ennuie ferme...

O.R.