Paris, Actes Sud, 205 p., 18 €
Ce Berlioz petit format apprendra-t-il quelque chose aux lecteurs de l’Avant-Scène Opéra ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant, ils devront le lire, alors que les autres y trouveront la meilleure des initiations. Parce que Bruno Messina, qui a redonné du lustre au festival de la Côte-Saint-André, nous rappelle l’essentiel de la carrière et de la vie du musicien dauphinois. L’empathie le dispute à l’érudition, mais sans langue de bois : l’admiration ne tourne pas à l’hagiographie – notamment quand s’abordent les questions politiques et sociales… ou la paternité… ou sa double vie entre Harriet et Marie. On sait gré, aussi, à Bruno Messina de s’étendre sur les années de formation, sur l’enfance iséroise, sur tout ce terreau d’où émergera le Berlioz que nous connaissons. Le livre, d'ailleurs, ne commence pas en 1803, mais en 1854, lorsque Hector, revenu à La Côte après la mort de son père, retrouve ses racines. Un ethnomusicologue ne pouvait faire abstraction du milieu et de l’époque : c’est un Berlioz en son temps qu’il nous propose, un Berlioz de son temps aussi – témoin et acteur souvent picaresque d’un monde en mutation, où la politique et l’économie changent d’âge. Rien, malgré les nostalgies, ne sera plus comme avant, de même qu’en musique il y a un avant et un après Berlioz. Plume serrée, alerte – le chapitre sur l’Italie, par exemple. Berlioz est là, présent, vivant.
Didier van Moere
NDLR. Signalons également la parution d’un recueil d’articles de Pierre-René Serna consacrés à Berlioz et réunis sous le titre Café Berlioz (Paris, Bleu Nuit éditeur, 2018 – et non 2019 comme indiqué en p. 2).