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Suspendu dans les airs : Manuel Nunez Camelino (Mercure), au fond en haut : François Lis (Pluton), au milieu : Nicholas Mulroy (Première Parque), Aimery Lefèvre (Deuxième Parque) et Jérôme Varnier (Troisième Parque) et à droite : Stéphane Degout (Thésée).


 

Unanimement célébrée lors de sa création au Théâtre du Capitole de Toulouse en 2009 (lire ici), la production d’Hippolyte et Aricie dirigée par Emmanuelle Haïm et mise en scène par Ivan Alexandre a fait un triomphe lors de sa première parisienne à l’Opéra Garnier.

On en retrouve bien sûr les qualités scénographiques premières : la magie des conventions baroques, habitées et vivifiées de l’intérieur par une direction d’acteurs qui n’oublie ni la passion ni l’humour ; la beauté intrinsèque des décors de toiles peintes d’Antoine Fontaine et des costumes de Jean-Daniel Vuillermoz, aux nuances poudrées et à la délicatesse enchanteresse ; le charme de la rampe de lumières dorées d’Hervé Gary. Eléments ici magnifiés par le cadre opulent du Palais Garnier, quand le Théâtre du Capitole leur offrait une immédiateté plus intime – mise en scène et décors ont d’ailleurs été revus pour l’occasion.

L’équipe musicale se hausse à de beaux sommets. Certains étaient déjà de l’aventure toulousaine : le Thésée majestueux de Stéphane Degout, l’Amour espiègle et brillant de Jaël Azzaretti, l’Aricie frémissante d’Anne-Catherine Gillet – qui confère à la princesse prisonnière une force d’âme admirable, de son timbre au vibrato reconnaissable, un peu serré mais si décidé justement. Nouveaux venus, Topi Lehtipuu est un Hippolyte stylé dont la voix convient parfaitement au rôle, et Sarah Connolly est une Phèdre intense. Promu de Parque en Tisiphone, Marc Mauillon est tout simplement remarquable. La direction – comme toujours étonnamment bondissante et anguleuse à la fois – d’Emmanuelle Haïm les porte à leur meilleur, ainsi que l’orchestre et le chœur du Concert d’Astrée. Délicate sans être mièvre, piquante sans être nerveuse, la chorégraphie de Natalie van Parys ajoute au charme élégant de l’ensemble.

L’alchimie des imaginaires scénographiques et des talents musicaux réunis prend ici comme rarement, offrant à l’Opéra de Paris ce qui est somme toute sa plus belle « nouvelle » production depuis la rentrée. Il était temps.

C.C.

à lire : notre édition d’Hippolyte et Aricie, ASO n° 264.


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Topi Lehtipuu (Hippolyte) et Anne-Catherine Gillet (Aricie). Photos : Agathe Poupeney.