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Claire Debono (Despina en Médecin), Markus Werba (Guglielmo), Michèle Losier (Dorabella), Camilla Tilling (Fiordiligi), Bernard Richter (Ferrando), Pietro Spagnoli (Don Alfonso). Photo Vincent Pontet / Wikispectacle.

 

Fin de saison réussie au Théâtre des Champs-Elysées, avec un Così fan tutte joyeux, vif et délicat. L’équipe vocale est pleine de fraîcheur et de tonus : à l’exception d’un Ferrando manquant de nuance et de galbe (Bernard Richter, aux vocalises néanmoins remarquables), la franchise de Guglielmo (Markus Werba), la pétulance de Despina (Claire Debono, diction et égalité de projection moindres toutefois), le timbre fruité de Dorabella (Michèle Losier) et la lumière solide de Fiordiligi (Camilla Tilling) font mouche, joliment appariés de voix et de silhouettes. Pietro Spagnoli est un remarquable Alfonso, timbre presque trop insolent pour le rôle. Tous sont dirigés avec finesse et entrain par une mise en scène qui joue la carte de la comédie tendre : Eric Génovèse ne tire pas Così vers ses zones d’ombres, le mettant au contraire sous la lumière poétique des désirs heureux. Il est aidé en cela par les décors doux de Jacques Gabel (un ciel d’aquarelle, une architecture de villégiature goldonienne tout en pastels un peu lavés), les costumes classiques et légers de Luisa Spinelli, et plus encore la direction de Jérémie Rhorer. Son geste – autorité souple, rigueur vibrionnante – mène Le Cercle de l’Harmonie à son meilleur : quel plaisir d’entendre ces instruments anciens sans aigreur ni maigreur, mais au contraire pleins d’une énergie parfaitement fondue et collective, poussée au bout de tempi périlleux mais si jubilatoires. D’autant que Rhorer ose aussi des lenteurs élégiaques (celles-là même qui nous font regretter les aigus sans charme de Ferrando). Tout cela a la douceur visuelle d’un Folon, acidulée du peps de récitatifs discutés comme au ping-pong, le bonheur d’une soirée joliment communicative. On n’est pas obligé de toujours lire entre les lignes la part obscure des ouvrages légers ; en respirer le parfum printanier est parfois tout aussi agréable, et c’était le cas en ce Così champs-élyséen. 

C.C.

Lire aussi notre édition de Così fan tutte : ASO n° 131-132.


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Bernard Richter (Ferrando), Camilla Tilling (Fiordiligi). Photo Vincent Pontet / Wikispectacle.