Traduction Stéphane Normand (1e éd. : Remembered. An Intimate Portrait of the Private Callas, New York, Da Capo, 1987). Paris, Editions Thaddée, 2013, 257 p., 24 €.

 

Aujourd'hui seulement paraît la traduction française d'une biographie de Maria Callas sinon référentielle, du moins attachante. La Bulgare Nadia Stancioff, chargée de relations publiques de profession, fut engagée par les producteurs de la Médée de Pasolini comme attachée de presse de la Divina ; elle se retrouva sans l'avoir prévu factotum, secrétaire et doublure, confidente et finalement amie - jusqu'à la mort de la cantatrice en 1977. 

Son livre, écrit d'une plume aisée, mêle en fait deux exercices, d'intérêt diamétralement opposé. Les souvenirs de l'amie, narrés avec une sincérité de ton indéniable et un respect permanent envers le souvenir d'une relation privilégiée, dévoilent des aspects peu connus des huit dernières années de la chanteuse. Ils émeuvent, en ce qu'ils insistent sur sa vulnérabilité, sa solitude, son besoin de contact humain, son sentiment de perdition, tout en les mettant en regard avec sa gourmandise effrénée de bons moments entre amis et sa simplicité à vivre l'instant. Le recoupement des témoignages des proches de la Callas, lui, ne s'élève pas au-dessus d'anecdotes contradictoires que l'auteur a le mérite de ne pas tenter de résoudre faute de source supérieure, et qui laisse en tout cas au lecteur le portrait d'une Callas compliquée et paradoxale dans ses rapports humains, pingre ou généreuse, indifférente ou attentionnée, grande dame ou femme soumise...

Pour les faits, d'autres ouvrages seront alors plus fondamentaux, à commencer par ceux de John Ardoin. Mais le regard personnel et ami de Nadia Stancioff vaut le détour, surtout quand il évoque les zones moins éclairées du personnage et de son parcours - la femme plus que la soprano, la fin d'une vie plus que la gloire d'une carrière.  Malgré une édition non exempte de coquilles - dont une, savoureuse, qui légende Ghiringhelli (surintendant de La Scala) en époux de Callas... - on se laissera tenter.

C.C.