Paul Armin Edelmann (Eisenstein), Aga Mikolaj (Rosalinde), Chen Reiss (Adele), Rainer Trost (Alfred), Miljenko Turk (Falke), Natascha Petrinsky (Orlofsky), Sabine Kallhammer (Ida), Sebastian Holecek (Frank), Jürgen Sacher (Blind). Orch. et chœur de la WDR de Cologne, dir. Friedrich Haider (2010).
CD Capriccio C5167. Présentation en all./angl. Pas de livret. Distr. Abeille Musique.

Voici une Fledermaus fort agréable, aux qualités nombreuses et plutôt bien chantée, à laquelle manque toutefois ce brin de folie ou cet esprit effervescent qui font les grands crus. Après avoir enregistré l'œuvre pour Nightingale en 2005 (avec Edita Gruberova en Adele), le chef Friedrich Haider dirige de façon alerte, souvent enlevante, mais jamais transcendante. On aurait tort cependant de bouder notre plaisir et de dénigrer cette très bonne version sous prétexte que Carlos Kleiber ou Clemens Krauss ont réalisé autrefois des enregistrements mythiques. L'auditeur que ne gêne pas la suppression des dialogues pourra ainsi entendre une Adele pétillante, une Rosalinde racée mais aux aigus un peu périlleux, un Eiseinstein enjoué quoique ayant tendance à forcer sa voix, un Alfred bien chantant et surtout un Falke particulièrement stylé. Lorsqu'il entonne « Brüderlein und Schwesterlein », Miljenko Turk caresse avec une telle suavité les phrases musicales de Strauss qu'il entraîne le chœur tout entier dans un moment de grâce réellement grisant. Seule ombre au tableau : Natascha Petrinsky, dont le timbre typiquement slave et surtout l'inadéquation stylistique rendent bien peu intéressant son prince Orlofsky. C'est là en somme le principal défaut d'une version qu'on jugera par ailleurs tout à fait recommandable.

L.B.