Isabel Bayrakdarian (la Renarde), Quinn Kelsey (le Garde-chasse), Judith Christin (Sa femme, la Chouette), Lauren Curnow (le Renard), Gustav Belacek (Harasta), Dennis Petersen (l'Instituteur), Frederico Lepre (l'Aubergiste), Kevin Langam (le Pasteur), Marie Lenormand (Lapak), Chœurs et Orchestre du Mai Musical Florentin, dir. Seiji Ozawa, mise en scène : Laurent Pelly (Florence, 8.XI.2009).
DVD Arthaus Musik 101697. Distr. Harmonia Mundi.

Passons sur le spectacle simplement illustratif de Laurent Pelly, qui se limite à une lecture du conte sans y mettre jamais la moindre distance, mais en s'autorisant quelques facilités inutiles (Harasta pissant, etc.) d'autant que rapidement l'oreille prend bien plus de plaisir que l'œil. C'est que Seiji Ozawa a tout compris : direction poétique comme jamais depuis Neumann, cordes en soie, bois fruités, mais pas un décor, un acteur d'un drame qui se noue malgré l'émerveillement de la fable. Car derrière cet enchantement sonore, l'orchestre crée des personnages aussi bien chez les humains - la ballade d'Harasta a quelque chose de noir, de tragique, la scène à l'auberge une sorte d'ironie inédite où les caractères s'affirment - que chez les animaux : les plaintes de Lapak sont amoureusement serties, mais c'est évidemment la Renarde rouée et tendre d'Isabel Bayrakdarian - long soprano sucré à la Popp - à laquelle Ozawa tend le plus profond miroir sonore. On est transporté par le geste si lyrique et si subtil dont il berce toute l'œuvre jusqu'à un anthologique monologue final du Garde-chasse, où l'orchestre de Janacek semble atteindre à une dimension supplémentaire. Quinn Kelsey, inconnu de nous jusque-là, réussit, de son baryton profond, cuivré, à délivrer toute l'humanité dont Janacek a pétri ce monologue en forme de morale. La compagnie de chant est exemplaire, de la Femme du Garde-chasse blasée selon Judith Christin au Harasta inquiet de Gustav Belacek, seul chanteur tchèque d'une distribution finement appariée. à entendre.

J.-C.H.