Extraits de Rigoletto, Gianni Schicchi, Tosca avec Renata Scotto, Denis Wick, Elizabeth Robson, Elizabeth Bainbridge, John Serge, Robert Bowman, Marie Collier. New Philarmonia Orchestra, New Symphony Orchestra, Royal Philarmonic Orchestra, dir. Edward Downes (I-VI.1965).
DVD ICA Classsics ICAD 5118. N&B, mono. Distr. Abeille Musique.

Le centenaire de Tito Gobbi voit s'enrichir le catalogue DVD censé immortaliser quelques-unes des incarnations majeures de cet inoubliable chanteur-acteur. Rejoignant les intégrales de L'Elisir d'amore, Paillasse et d'Otello, des extraits de Rigoletto viennent ici faire écho à la vidéo de 1954 avec Del Monaco, alors que la presque totalité du rôle de Scarpia complète opportunément les mythiques actes II de Tosca avec Callas filmés à Paris (1958) et Covent Garden (1964). Last but not least, le plus truculent des Gianni Schicchi s'invite à son tour dans les studios BBC où est capté ce florilège et crève littéralement l'écran. Le document vaut d'ailleurs surtout pour ces répliques anthologiques de l'usurpateur madré roulant dans la farine les héritiers médusés du vieux Buoso, le génie du verbe s'accordant à celui de la mimique, la coloration des syllabes à la jouissance à peine retenue du discours. Avec les gros plans de Scarpia, exacerbant la blancheur de sa perruque nobiliaire autant que le nez busqué de l'oiseau de proie assoiffé de sexe et de violence morbide, cette publication trouve de même sa pleine justification. La Gilda de Scotto comme l'exemplaire Floria de Marie Collier y contribuent pour une autre part. Le point faible de l'ensemble réside sans doute dans ce portrait éclaté de Rigoletto, victime de coupes drastiques, accompagné à la diable et surexposant des limites vocales qu'il serait malhonnête de taire. L'intelligence hors pair de la composition finit par hypnotiser le critique et le dissuade d'entrer plus avant dans l'analyse d'une voix et d'une technique souvent sujettes à caution.

J.C.