Maria Callas (Medea), Joan Carlyle (Glauce), Fiorenza Cossotto (Neris), Jon Vickers (Giasone), Nicola Zaccaria (Creonte), Mary Welles (Première servante), Elizabeth Rust (Seconde servante), David Allen (le Chef des gardes). Chœur et Orchestre du ROH Covent Garden, dir. Nicola Rescigno (live 30 juin 1959).
CD ICA classics ICAC 5110. Distr. Abeille Musique.

Voilà l'une des nombreuses et légendaires Médée de Callas, à Covent Garden en 1959, après Dallas l'année précédente et deux ans avant La Scala. Nicola Rescigno, professionnel solide et parfois besogneux, est toujours là, Vickers et Zaccaria aussi. On ne chanterait plus Jason, aujourd'hui, comme le ténor canadien, aussitôt reconnaissable ici par le timbre, pas encore nasalisé, et la manière. Surdimensionné certes, mais vrai héros tragique, qui ne fait pas encore du Vickers. Verrait-on d'ailleurs, face à Callas, un de ces ténors légers qu'on distribue aujourd'hui ? Zaccaria a encore belle allure en Créon. Etoile en devenir, Cossotto chante superbement sa Néris, à défaut d'y émouvoir. Et quel plaisir de retrouver le délicieux soprano de Joan Carlyle, un des piliers de Covent Garden à l'époque, voix ronde et charmeuse, à travers cette Glaucé jeune fille en fleur ! Callas ? Tout a été dit de l'identification au rôle, de l'intelligence des mots, de cette Médée furieuse et blessée. Mais il faut souligner ici la maîtrise de l'émission, le contrôle des registres, celui du phrasé également, jamais sacrifié à des dérives de l'expression. Si cette Médée est de plus en plus hagarde, pas un instant elle ne sombre dans l'histrionisme, les déchaînements de l'ire vengeresse vont de pair avec le plus grand raffinement vocal, notamment en matière de dynamique et de couleurs. De quoi justifier cette version Lachner que la musicologie abhorre, avec ces récitatifs qui, tout d'un coup, nous semblent évidents, nécessaires même. Attention, cependant : les trois quarts du premier disque sonnent un demi-ton trop haut !

D.V.M.