Edda Moser (Giuditta), Nicolai Gedda (Octavio), Martin Finke (Pierrino), Brigitte Lindner (Anita), Ludwig Baumann (Antonio), Klaus Hirte (Manuele Biffi), Jürgen Jung (Lord Barrymore). Orch. de la radio de Munich, dir. Willi Boskovsky (1984).
CD EMI, collection « Electrola », 50999 6 15090 2 3. Distr. EMI.

Cinquante ans après avoir participé en tant que violoniste à la création de Giuditta dirigée par le compositeur à l'Opéra de Vienne en 1934, Willi Boskovsky enregistrait cette version de la dernière œuvre de Lehár. Voilà qui confère un gage d'authenticité à cette interprétation enlevée qui permet de goûter pleinement l'orchestration luxuriante et les atmosphères de l'Espagne et surtout de l'Afrique du Nord où se déroule une histoire d'amour impossible entre la belle Giuditta et l'officier Octavio. Si l'orchestre rutilant de la radio de Munich soulève l'enthousiasme, la distribution ne se hisse toutefois pas au même niveau d'excellence et fait regretter les créateurs, Jarmila Novotna et Richard Tauber. De Giuditta, femme fatale que tous les hommes rêvent de conquérir et pour laquelle Octavio en vient à déserter, on attend une fraîcheur de timbre et une sensualité débordante, toutes qualités dont Edda Moser est malheureusement dépourvue. Si la fougue et l'ardeur sont indéniables, les aigus lui posent ici des difficultés qui gâchent des mélodies aussi ensorcelantes que « Meine Lippen sie küssen so Heiss ». Nettement plus à l'aise, Gedda n'en accuse pas moins ses 59 ans, ce qui se traduit par une voix aux couleurs un peu ternies et par un legato souvent pris en défaut. Pierrino et Anita, l'autre couple de la « comédie musicale », trouvent en Martin Finke et Brigitte Lindner des interprètes plutôt attachants, mais aux moyens somme toute assez limités. Voilà en somme une Giuditta qui vaut d'abord et avant tout pour ses qualités purement instrumentales.

L.B.