Nuria Rial (Sandrina), Krystian Adam (Belfiore), Maria Espada (Ramiro), Katja Stuber (Arminda), Miljenko Turk (Il Podestà), Florian Götz (Nardo), Monika Reinhard (Serpetta). L'Arte del Mondo, dir. Werner Ehrhard (2011).
CD DHM 88697911392. Distr. Sony.

Comme annoncé lors de la parution, chez le même éditeur, du Medonte de Myslivecek (cf. L'ASO n° 276), L'Arte del Mondo poursuit sa redécouverte du répertoire lyrique de la seconde moitié du XVIIIe siècle, en optant cette fois pour un opera buffa. Dont le titre ne nous est pas inconnu, et pour cause : en 1775, un an après qu'Anfossi l'eut mis en musique, le jeune Mozart, âgé de dix-huit ans, proposa sa propre version de La finta giardiniera. Même si cette dernière partition ne compte évidemment pas parmi les œuvres les plus profondes de Wolfgang, il est difficile d'en faire abstraction à l'écoute de celle, nettement plus insignifiante, d'Anfossi (1727-1797) - lequel se contente d'aligner les poncifs napolitains, ponctuant ses arias, souvent dotées de da capo à l'acte I, de quelques vocalises pour les rôles "nobles" (Arminda et Ramiro) ou d'effets concertants pour les figures pathétiques ("Una voce sento al core" de Sandrina avec cors et bois). La musique coule sans guère accrocher l'attention, d'autant qu'Ehrhard, comme précédemment - et malgré l'utilisation d'effets coloristes pour le continuo (le basson de la scène du jugement) -, se complaît dans une direction primesautière, certes vive mais réfractaire au pathos. Le chef semble soudain davantage concerné lors de l'efficace finale II et l'acte III, le plus bref, nous vaut enfin quelques émotions (inventifs duos). La distribution rassemblée apparaît plus probante que celle de Medonte, peut-être parce qu'elle se voit confrontée à une écriture moins exigeante. Si les quatre sopranos échouent à marquer l'imagination (Rial chante délicieusement mais uniquement "dans le masque", Espada fait honneur à son patronyme mais Ramiro sera dessiné avec plus de nuances par Mozart), les trois messieurs ne méritent que des éloges : Götz et Turk s'imposent comme d'excellents barytons mozartiens et, surtout, le brillant ténor polonais Krystian Adam affiche dans le rôle tête-à-claques du Contino un timbre radieux et une diction superlative. Une voix à suivre !

O.R.