José Perrota (Don Antonio), Niza De Castro Tank (Cecilia), Manrico Patassini (Pery), Paulo Fontes (Gonzales). Orchestre symphonique de Sao Paulo, dir Armando Belardi (live VIII.1959).
CD Andromeda ANDRCD 9115. Distr. Abeille Musique.

A écouter les deux CD de cette captation assez rudimentaire, édités sans livret ni synopsis, il est bien difficile de comprendre pourquoi cet opéra de Gomes, créé triomphalement le 19 mars 1870 à La Scala de Milan, a pu susciter un tel engouement. Abstraction faite de la coloration exotique et des échos patriotiques de cette histoire intimement brésilienne, vingt ans avant le superbe Schiavo, il reste que la partition et la manière dont elle est ici servie laissent plus que dubitatif. L'histoire de l'amour impossible d'un Indien Guarani et d'une Blanche annonce certes celle de ce mythique Schiavo - et les accords solennels de l'ouverture sont perçus comme emblématiques du sursaut ayant abouti à la victoire de la liberté sur l'asservissement. Mais le declamato permanent, les flonflons du ballet et les airs qui se succèdent n'emportent pas spontanément l'adhésion, pauvres qu'ils sont d'inspiration mélodique ou de séduction vocale. Il faut croire que le falcon de Marie Constance Sass et le charisme de Victor Maurel savaient gonfler les voiles d'un lyrisme qui, ce soir d'août 1959, demeurent tristement en berne. Le couple des amants n'offre que timbres plats et chant à l'avenant, les seules clés de fa conférant une belle autorité à leur discours. On imagine de même que l'orchestre scaligère avait un autre respect des harmonies (parfois originales) conçues par Gomes. Pour s'en convaincre il suffit d'aller écouter la version qui réunissait pour Sony en 1995 Plácido Domingo (à court d'aigu), Carlos Álvarez et Veronica Villaroel. Sans que cela suffise à justifier l'enthousiasme, plus ou moins sincère, de Verdi devant l'œuvre de son « continuateur ».

J.C.