Piotr Beczala (le Duc), Željko Lučić (Rigoletto), Diana Damrau (Gilda), Štefan Kocán (Sparafucile), Oksana Volkova (Maddalena). Ch. et Orch. du Metropolitan Opera, dir. Michele Mariotti, mise en scène : Michael Mayer (New York, 16.II.2013).
DVD DG 073 4935. Distr. Universal.

Las Vegas, 1960. Un crooner tombeur de ces dames triomphe sur la scène du casino et y règne en maître, servi par des hommes de main faisant rimer mafia et show business. « Toute ressemblance, etc. » Au départ, on s'amuse : ce Rat Pack consommateur de filles et d'alcool, cette Ceprano-vamp, ce Monterone-émir du pétrole - pour qui les mots « honneur » et « malédiction » ont encore du sens -, sont décalés juste ce qu'il faut, et fonctionnent plutôt bien. Puis on s'agace, de ces sous-titres argotisés où de « grosses légumes » emmènent de « jolies poupées » faire un « tour en bagnole ». Enfin le soufflé retombe, et l'on regrette que la mise en scène, plus occupée de gadgets (on kidnappe Gilda par l'ascenseur, on planque son cadavre dans un coffre de voiture), oublie le théâtre verdien et le drame hugolien, leur nuit opaque - et sans néons. D'autant plus que, musicalement, on est largement déçu. Honneur aux dames, néanmoins : Diana Damrau est joliment maîtresse du rôle vocal de Gilda même si elle ne peut, ici, le raffiner complètement, et Oksana Volkova campe une Maddalena dominatrice. Mais si Štefan Kocán est un Sparafucile racé et d'un noir superbe, le Duc de Piotr Beczala - très appuyé et laryngé - ne séduit pas, loin s'en faut, et le Rigoletto de Željko Lučić est ici en défaut de prestance, souvent bas ou éteint - et privé, somme toute, du premier rôle. La direction de Michele Mariotti, professionnelle mais sans la flamme ardente qui pourrait sublimer un tel plateau, s'efface derrière une fausse bonne idée qui encombre finalement les yeux en laissant l'oreille affamée.

C.C.