Terje Svensvold (Wotan, le Wanderer), Dietrich Volle (Donner), Richard Cox (Froh), Kurt Streit (Loge), Jochen Schmeckenbecher (Alberich), Hans-Jürgen Lazar (Mime-Rheingold), Alfred Reiter (Fasolt), Magnus Baldvinsson (Fafner), Martina Dicke (Fricka), Barbara Zechmeister (Freia), Meredith Arwady (Erda, 1ère Norne), Britta Stallmeister (Woglinde), Jenny Carlstedt (Wellgunde), Katharina Magiera (Flosshilde), Frank van Aken (Siegmund), Ain Anger (Hunding), Amber Wagner (Sieglinde), Susan Bullock (Brünnhilde), Lance Ryan (Siegfried), Peter Marsh (Mime-Siegfried), Robin Johannsen (l'Oiseau), Johannes Martin Kränzle (Gunther), Gregory Frank (Hagen), Anja Fidelia Ulrich (Gutrune), Claudia Mahnke (2e Norne, Waltraute), Angel Blue (3e Norne). Frankfurter Opern- und Museumsorchester, dir. Sebastian Weigle, mise en scène : Vera Nemirova (Francfort 2012).
DVD Oehms Classics, OC 995, 996, 997 & 998, réunis en coffret OC 999. Distr. Codaex.

Du Ring de Francfort, on avait déjà l'intégrale audio chez Oehms, intéressante mais inégale. La vidéo, captée un an plus tard, en reprend les qualités musicales, avec la battue de Weigle, lente, mais souvent habitée, mais seulement une distribution honnête : faibles, la Brünnhilde de Susan Bullock, minaudante en vierge, lourde en femme, sans rayonnement vocal, tout comme le Siegfried de Lance Ryan, qui assure mais qui joue très mal l'adolescent. Atout, un Wotan de 69 ans, pratiquement inconnu hors de Norvège, Terje Stensvold, quasi impérial : il a le mordant, la présence, même si la voix est moins assurée qu'en audio. Et aussi Alberich (l'excellent Schmeckenbecher), Loge (formidable Streit)... Mais on a surtout perdu Westbroeck, qui illuminait Walküre : l'acte I se perd dans le manque de nerfs de la direction, le chant moyen des solistes, le fait que les héros soient énormes.

Vera Nemirova et son décorateur Jens Kilian construisent leur Ring sur un plateau circulaire incliné et tournant, divisé en 5 cercles concentriques et mobiles en tous sens, qui se parent de projections (le rocher et son cercle de feu, la forêt de Siegfried) et se lèvent aussi pour qu'on en utilise les dessous (le Nibelheim, la demeure de Hunding...). Simple, efficace, souvent superbe, renvoyant à la nudité de Wieland Wagner, même si la narration, mise à nu sans fard, l'est avec les tics d'aujourd'hui, oripeaux du xxe siècle - balancelle pour Loge, cercueils pour la Chevauchée -, et des trouvailles heureuses - comme l'Oiseau délicieusement mimé par un danseur. La direction d'acteurs est engagée, tous sont investis : alors, c'est à l'évidence l'image qui gagne. À voir.

P.F.