Ann Hallenberg (Iside), Karina Gauvin (Calisto), Vito Priante (Erasto), Anicio Zorzi Guistiniani (Arete), Theodora Baka (Diana), Johannes Weisser (Licaone). Il Complesso Barocco, dir. Alan Curtis (2010).
CD Virgin Classics 5009972311622. Distr EMI.

Haendel dit adieu à l'opéra avec ce pasticcio que le King's Theatre verra seulement deux fois en mai 1739. Pour le public londonien, déjà confronté à Haendel compositeur d'oratorios, l'ouvrage dut paraître exotique et tomba aussitôt. Fallait-il le faire renaître de son coma hâtif ? Pas sûr. D'abord la trame dramatique en est à la fois improbable et exsangue – il suffit de revenir au livret de La Calisto de Cavalli pour mesurer l'écart fatal ; ensuite les réemplois sont tellement fréquents et flagrants qu'incontinent on a envie d'entendre les airs dans les décors de leurs opéras originels ; et ce n'est pas la bonne volonté d'Alan Curtis, le père de cette exhumation, qui donne l'ombre d'une chance à ce qui devient vite un pensum. Son petit orchestre gris soit se traîne soit file droit et terne. Autre bémol majeur, une prise de son plate qui semble rendre compte de l'acoustique d'une boîte d'allumettes. Alors on fera peut-être l'effort pour les chanteurs, tous en situation, tous parfaits – avec deux mentions spéciales, la Calisto de Karina Gauvin, présence sensuelle, mots tranchants, et surtout l'Iside impérieuse et fulgurante d'Ann Hallenberg, modèle de pur belcanto haendélien. Bonheur supplémentaire, elle vient de faire paraître tout un récital Haendel rempli d'inédits, hélas accompagné à la petite semaine par l'omniprésent Curtis (Hidden Haendel, Naïve V5326).

J.-C.H.