Marie Lenormand (Béatrice), Marion Gomar (Christine), Lucile Komitès (Noémie), Aurélien Gasse (Jobard), Charles Mesrine (Ferdinand), Marie Perbost (Lucine), Fabien Hyon (Noël), Till Fechner (Maître Corbeau), Romain Dadyez (Patogène). Orchestre des Frivolités Parisiennes, dir. Dylan Corlay (live, Paris, L’Athénée Théâtre Louis Jouvet, 13 juin 2019).
Naxos 8660479. Présentation bilingue (angl., fr.). Distr. Outhere.

Qui eût cru que le compositeur de Padmâvatî et de Bacchus et Ariane donnerait dans l’opérette ? En 1937, à l’Opéra-Comique, ce coquin Testament de la tante Caroline en surprit ou en scandalisa plus d’un, comme il avait dérouté le public d’Olomouc l’année précédente, où l’œuvre fut créée en langue tchèque. La musique en est pourtant savoureuse, avec ses clins d’œil aux déplorations de la tragédie lyrique ou au rondeau des métamorphoses d’Orphée aux enfers dans les chœurs des héritiers. Le livret de Nino, en réalité l’ami Michel Veber, qui avait écrit Angélique pour son beau-frère Ibert et La Poule noire pour Rosenthal, tenait volontairement de la bouffonnerie.

Après une vie de légèreté, la tante Caroline a légué sa fortune à celle de ses trois nièces qui aura un enfant. Noémie et Christine n’y arrivent pas malgré les efforts de leurs maris et tentent d’en voler un dans une pouponnière. Béatrice, en revanche, devenue diaconesse pour expier un péché de jeunesse, s’avère être la mère du chauffeur de la tante : la voilà héritière de la fortune.

La distribution réunie à l’Athénée est aussi drôle que bien chantante, faisant honneur au style français, avec la Béatrice coquine de Marie Lenormand, la Lucine de grand style de Marie Perbost, un peu trop sérieuse cependant, le Noël bien campé de Fabien Hyon, le Notaire impayable de Gill Fechner. Les Frivolités Parisiennes, sous la direction pétulante et pétillante de Dylan Corlay, confirment leur excellence dans cette savoureuse version en un acte réalisée par Marcel Mihalovici en 1964. C’est, de surcroît, une première discographique. Un regret quand même : que nous n’ayons pas le DVD d’une production désopilante qui a fait l’unanimité.

Didier van Moere