Vitaly Tarashchenko (Herman), Grigory Gritsyuk (Comte Tomski), Dmitri Hvorostovsky (Prince Yetelski), Alexander Dyachenko (Chekalinski), Alexander Vederdnikov (Sourine), Vladimir Grishko (Tchapliski), Oleg Klenov (Naroumov), Irina Arkhipova (Comtesse), Natalia Datsko (Lisa), Nina Romanova (Pauline), Tatiana Kuzminova (Gouvernante), Lidia Chernikh (Masha). Chœur Yurlov, Orchestre symphonique de la Radio de Moscou, dir. Vladimir Fedoseyev (live, Moscou, grand Hall du Conservatoire, 25 décembre 1989).
Pan Classics PC10430. 3 CD. Présentation bilingue (all., angl.). Distr. Outhere.

Le début l’annonce : cette Dame de pique ne sera pas une version de chef. À la tête de son ensemble moscovite, assez moyen, Vladimir Fedoseyev fait pâle figure dans une discographie riche. Après un premier acte très terne, elle s’améliore heureusement, sans néanmoins créer cette urgence, sans susciter ces frissons qu’on attend de l’opéra de Tchaïkovski – pour ne rien dire des couleurs de l’orchestre. Dommage : la distribution tient très bien la route et l’on eût certainement pris du plaisir à assister au concert. Sans posséder la plus belle voix du monde, le robuste Vitaly Tarashchenko campe un Herman homogène, rebelle aux effets douteux, à la ligne tenue, certes moins halluciné, moins creusé aussi que d’autres. La Lisa solide de Natalia Datsko lui est bien assortie, avec des aigus un peu courts, pas toujours très frémissante mais impeccablement phrasée. Si l’on a connu Tomski de plus grande classe que Grigory Gritsyuk, Le jeune Dmitri Hvorostovsky promet déjà en Yetelski, voix somptueuse qui, chez Ozawa, affinera son legato. Loin des comtesses à bout de voix ou histrionesques, Irina Arkhipova garde une réserve toute patricienne, chantant sur le souffle la Romance de Grétry. Autour d’eux, on assure bien, comme la Pauline de Nina Romanova ou la Gouvernante de Tatiana Kuzminoa. Le bonus offre aux russophones des extraits du texte de Pouchkine lus par la célèbre actrice russe Alla Demidova, entrelardés d’extraits de l’opéra, à l’occasion du 200ème anniversaire de la naissance de Pouchkine : dix ans après le concert, Fedoseyev et Tarashchenko sont toujours là. Ce n’est pas La Dame de pique de l’île déserte, où l’on a déjà ce qu’il faut, mais on passe un excellent moment, du moins avec les chanteurs.

Didier van Moere

À lire : notre édition de La Dame de pique/L'Avant-Scène Opéra n° 119/120