A Dinner Engagement
Norman Lumsden (le comte de Dunmow), Marjorie Westbury (la comtesse de Dunmow), Cynthia Glover (Susan), Pamela Bowden (Mme Kneebone), Johanna Peters (la Grande-Duchesse de Monteblanco), Edward Darling (le prince Philippe), BBC Northern Orchestra, dir. Maurice Handford (BBC, 5 juin 1966).

Ruth
Alfreda Hodgson (Ruth), Peter Pears (Boaz), Elisabeth Robinson (Naomi), Soo-Bee Lee (Orpah), Thomas Hemsley (le chef des moissonneurs), BBC Northern Symphony Orchestra et BBC Northern Singers, dir. Steuart Bedford (BBC, 18 août 1968). 

Castaway
Geoffrey Chard (Odysseus), Patricia Clark (Nausicaa), Jean Allister (la reine Arete), Patricia Blans (Praxinoe), Verity Ann Bates (Briseis), Carolyn Maia (Ismene), James Atkins (le roi Alcinous), Malcolm Rivers (Laodamas), Kenneth MacDonald (Demodocus), English Chamber Orchestra et English Opera Group Chorus, dir. Meredith Davies (BBC, 10 juin 1967).

Lyrita REAM.2144 (3 CD). Notes et livrets en anglais. Distr. Outhere.

Outre son opéra historique Nelson (1954), dont nous avons déjà recensé sur ce site l'unique enregistrement, Lennox Berkeley (1903-1989) a composé trois ouvrages lyriques de petites dimensions et de tonalités fort contrastées que nous pouvons entendre ici dans les interprétations qu'en a donné la BBC entre 1966 et 1968. Bien écrites pour la voix et orchestrées avec un raffinement certain, ces œuvres se situent cependant à des années-lumière de Benjamin Britten en ce qui regarde leur intérêt musical et dramatique.

 Dans la comédie A Dinner Engagement (1954) la jeune Susan, fille d'un comte désargenté, réalise le souhait le plus cher de ses parents en tombant éperdument amoureuse du prince Philippe, fils de la Grande-Duchesse de Monteblanco. Émaillée d'une romance en français (« Mon aimée attend la lune ») pour le prince, la partition comprend surtout d'amusants ensembles dans lesquels Berkeley livre le meilleur de son inspiration. On pense en particulier au trio qui voit la préparation du plat national du Monteblanco (de simples tomates farcies !) et surtout au septuor qui scelle le destin des deux jeunes gens. Si la soprano Cynthia Glover campe une Susan convaincante grâce à son timbre juvénile, le prince Philippe souffre de la voix sans charme d'Edward Darling. Face à la Grande-Duchesse pleine de cocasserie de Johanna Peters, Norman Lumsden et Marjorie Westbury ne font pas le poids en comte et comtesse de Dunmow.

 Empruntée à la Bible par Eric Crozier (librettiste de trois ouvrages de Britten), Ruth (1956) montre comment, après avoir accueilli sur ses terres la veuve originaire du royaume de Moab, le généreux Boaz (immortalisé par Victor Hugo dans le poème « Booz endormi ») accepte de la prendre pour femme. Comprenant d'importantes parties chorales, l'opéra bénéficie de la direction méditative de Steuart Bedford, du Boaz d'une grande humanité de Peter Pears et de la Ruth au riche timbre de mezzo d'Alfreda Hodgson.

 Créé au Festival d'Aldeburgh en 1967, Castaway (Le Naufragé) s'inspire pour sa part de L'Odyssée, plus précisément de l'épisode de Nausicaa. Le rôle de la jeune princesse phéacienne qui renonce à l'amour d'Ulysse convient à merveille au tempérament et à l'instrument délicat de Patricia Clark. Le baryton Geoffrey Chard est un roi d'Ithaque d'une mâle assurance qui fait preuve d'une belle sensibilité dans la dernière scène, tandis que l'aède Demodocus de Kenneth MacDonald se lance avec passion dans son récit de la guerre de Troie. Meredith Davies dirige efficacement mais sans transcendance cette œuvre qui constitue assurément le maillon le plus satisfaisant de ce triptyque anglais.

 

Louis Bilodeau