Ragnar Ulfung (Hérode), Barbro Ericson (Hérodias), Laila Andersson-Palme (Salomé), Curt Appelgren (Jochanaan), John-Eric Jacobsson (Narraboth), Eva Pilat (Page d’Hérodias), Lars Cleveman (Premier juif), Göran Elisasson (Deuxième juif), Mikko Pulkkinen (Troisième juif), Roland Häggström (Quatrième juif), Peter Kadiev (Cinquième juif), Jerker Arvidson (Premier Nazaréen), Lars Kullengo (Second Nazaréen), Gunnar Lundberg (Premier soldat), Jr. Anders Lorentzson (Second soldat), Ragne Wahlroth (Un Cappadocien), Ingela Malmsjö-Inge (Un esclave). Orchestre de l’Opéra royal de Suède, dir. Berislav Klobucar (Stockholm, Opéra royal de Suède, 3 octobre 1990).
Sterling. 2 CD. Présentation bilingue (suéd., angl.). Distr. Outhere.

Étoile du chant suédois, Laila Andersson-Palme est peu connue en France. Elle a pourtant chanté Salomé dans le monde entier, parfois comme doublure – de Gwyneth Jones au Met, de Karen Amstrong à Vienne. Sa voix évolua beaucoup : Reine de la nuit au début, elle finit Brünnhilde. Mais tout en se corsant, la voix ne s’alourdit pas et sa Salomé garde une jeunesse rayonnante, impérieuse ou féline, avec une tessiture homogène, un médium charnu, une émission souple : nous voici loin des Salomé trop « wagnériennes ». Mais elle peine souvent à tenir un aigu qu’il faudrait darder. Et puis la discographie est si riche… On écoute, on ne thésaurise pas. D’autant plus que l’honnête Curt Appelgren manque de l’aura sombre du prophète et que Ragnar Ulfung perpétue la tradition des Hérode au chant fruste, apparié à l’Hérodias mégère de Barbro Ericson. Le reste de la distribution tient la route. Une Salomé de plus, mais qui nous rappelle quel chef de théâtre était Berislav Klobucar ! Pilier de l’Opéra de Vienne, où il dirigea plus de mille fois, directeur à Stockhlom et à Nice, hôte de Bayreuth de 1964 – pour le Ring – à 1969, il exalte ici toute la violence morbide de l’opéra de Strauss, ses teintes fauves, ses vertiges décadents. L’occasion de retourner à certains de ses live, par exemple ses Dialogues des carmélites allemands ou sa Madame Butterfly à Vienne (1961), sa Femme sans ombre (1975) à Stockholm.

Didier van Moere