Oscar Czerwenka (Don Pasquale), Edita Gruberova (Norina), Hans Helm (Malatesta), Luigi Alva (Ernesto), Alois Pernerstofer (Un notaire). Chœur et Orchestre du Wiener Staatsoper, dir. Héctor Urbón. Mise en scène Helge Thoma. Live, Mürzzuschlag, 30 mars 1977.
DVD Naxos 2.110659. Notice en anglais et en allemand. Distr. Outhere.

Tirée des archives de l’ORF et filmée à l’occasion d’une tournée du Wiener Staatsoper dans de petits théâtres de province organisée avec le soutien de la Chambre des Travailleurs de Vienne (Abeiterkammer Wien), la production de Helge Thoma, conçue spécifiquement pour un public "populaire", nous ramène dans une époque, alors déjà dépassée, où l'on pouvait encore chanter le répertoire en traduction allemande. Évidemment, prosodie et musicalité en souffrent un peu, les airs bouffes ayant tendance à tomber dans le parlando et les récitatifs orchestrés y prenant des allures de "dialogues en mélodrame". Les beaux costumes d'Evelyn Frank, notamment la somptueuse tenue de soirée de la prima donna au deuxième acte, compensent des décors très allégés et transposent l’action à la Belle Époque. Associés à une direction d’acteur assez conventionnelle, ils donnent à l’opéra de Donizetti des faux-airs de pièce de boulevard télévisée mais, une fois habitué à cette esthétique, les qualités de la distribution concentrent tout l’intérêt. Bon acteur et chanteur respectable, Oscar Czerwenka incarne le rôle-titre sans trop le surcharger, se révélant époustouflant de virtuosité dans le chant syllabique rapide dans le duo du troisième acte avec Malatesta, malgré le handicap de la langue. En 1977, Édita Gruberova est au sommet de sa forme, jouant d’une colorature un rien démonstrative et ajoutant quelques cadences et suraigus de son cru, pour caractériser une Norine qui tire nettement vers la soubrette mais elle sait aussi faire passer un certain humour et toute l’ambiguïté de ses sentiments dans la scène de la gifle. Il ne manque au baryton bien timbré de Hans Helm qu'un peu plus de légèreté et de désinvolture pour être un Malatesta parfait. À cinquante ans sonnés, Luigi Alva a un peu perdu de son lustre vocal, comme le laisse entendre sa sérénade du trois assez tendue, qu'il chante en italien et sans le soutien du chœur, et son physique ne le qualifie plus vraiment pour un emploi  de jeune premier mais il a le mérite d'avoir courageusement appris le reste de son rôle en allemand. Alois Pernerstorfer, vétéran de la grande époque du festival de Bayreuth, crève l'écran dans son apparition épisodique en notaire au deuxième acte.  Pour le chœur, excellent, le metteur en scène a imaginé une pantomime très réussie qui donne beaucoup de relief à son unique intervention au deuxième acte. Passé une ouverture dirigée à la hussarde, pendant laquelle le réalisateur nous montre la troupe en voyage et les préparatifs du spectacle, Hector Urbon mène bon train mais sans excès cette production qui, au delà de son intérêt documentaire, se laisse regarder sans déplaisir.