Leslie Visco (l’Ombra di Circe), Anna Chierichetti (Zeffiro), Francesco Toma (Euro), Giuseppe Naviglio (Algido), Cristina Fanelli (soprano), Alessandro Stradella Consort, dir. : Estévan Velardi.
Dynamic 7910.02 (2 CD). Distr. Outhere. 1h52’. 2017/2019. Notice : italien, anglais.

Voici le second enregistrement de La Circe (1668) à nous parvenir en quelques mois, après celui du Concerto madrigalesco. Nous devrions même dire le second ET le troisième enregistrement puisque nous avons ici deux Circe pour le prix d’une, Stradella ayant composé deux versions totalement différentes de cette sérénade. Bien que faisant appel aux mêmes personnages (l’Ombre de Circé, le vent Zeffiro et le fleuve Algido), la seconde version que nous découvrons ici se veut moins théâtrale que la première, bannit presque complètement le récitatif au profit d’une profusion d’ensembles (de trios, notamment), s’enchainant à la façon des cantates de Rossi. Velardi aurait dû se contenter de graver cette seconde mouture, dont l’écriture plus décorative et moins « moderne » que celle utilisée dans la « Circe n°1 », ne surexpose pas les défauts de sa direction - si tant est qu’on puisse parler de « direction ». Velardi, c’est, un peu le Nella Anfuso de la baguette : pas de scansion, pas d’architecture rythmique, une lecture précieuse, maniérée, qui distille séparément chaque note jusqu’à ce que la ligne se délite et se borne à faire intervenir, au petit bonheur, un continuo incroyablement profus (viole, archiluth, théorbe, lirone, harpe, clavecin, guitare, violoncelle – quand Guglielmi se contentait de quatre instruments), qui étouffe les voix sans les soutenir. Il faut dire que les voix, particulièrement celles des trois sopranos, sont minuscules. On négligera donc totalement le premier CD, presque inécoutable (dommage pour la cantate « Soffro, misero e taccio » et le Prologue destiné à La Dori de Cesti), pour picorer quelques jolis moments dans le second : les interventions du violon de Fabrizio Cipriani (Sonata di viole en Re) ou le lamento « Rimembranza che rimbomba », dans lequel Leslie Visco et ses accompagnateurs semblent enfin se réveiller…


Olivier Rouvière