Marina Zyatkova (Serpina), Carlo Torriani (Uberto), Fanzago baroque Ensemble, dir.: Christian Deliso.

Da Vinci Classics 00176 (1 CD). 52'. 2011. Notice en italien. Distr. UVM Distribution.

 

Composé en 1733 pour occuper les entractes de l'opéra séria Il Prigionier superbo, du même Pergolesi (1710-1736), La Serva padrona connut son heure de gloire près de vingt ans plus tard, lors de ses représentations parisiennes de 1752, qui provoquèrent la Querelle des Bouffons. Comment comprendre que ce tableautin musical ne convoquant que deux chanteurs (auxquels s'ajoute un rôle muet), un petit orchestre à cordes et comptant en tout et pour tout cinq airs et deux duos ait provoqué un tel charivari ? Peut-être en prenant conscience de sa difficulté d'exécution : les interprètes doivent préserver l'apparente désinvolture du style, sous-tendu par une réelle finesse harmonique, le chef servir la naïveté du propos sans gommer les détails rhétoriques, la basse et le soprano se confronter à une écriture qui ne les ménage pas, malgré son syllabisme.

L'oeuvre a été énormément enregistrée, mais presque jamais réussie - et ce n'est pas cette version qui bouleversera la discographie. Les cordes y sont sans charme, la direction s’y cantonne à une vivacité assez mécanique ; en outre plusieurs da capo (dont celui du duo final) disparaissent : concernant un ouvrage si bref, c'est impardonnable. Baryton bien timbré à l'excellente diction, Carlo Torriani  en rajoute dans le genre barbon masochiste et achoppe sur les graves de « Son imbrogliato già » ; le bas registre de Marina Zyatkova est en revanche bien affermi, son petit vibratello nerveux pas désagréable, mais, ici, c'est l'élocution qui pèche... Bref, restons-en aux couples (pourtant discutables) Renata Scotto/Sesto Bruscantini ou Isabelle Poulenard/Philippe Cantor ; ou revoyons La Serva padrona in situ, intégrée à la représentation d'Il Prigionier superbo, dans le DVD proposant ce dernier sous la direction de Corrado Rovaris (Arthaus Musik).

 

Olivier Rouvière