Les Plaisirs de Versailles : Teresa Wakim (La Musique), Virginia Warnken (La Conversation), Jesse Blumberg (Comus), Jason McStoots (Le Jeu), Aaron Sheehan (Un Plaisir).
Les Arts Florissants : Teresa Wakim (La Musique), Jesse Blumberg (La Discorde), Margot Rood (La Paix), Molly Netter (La Poésie), Aaron Sheehan (La Peinture), Virginia Warnken (L’Architecture), John Taylor Ward (Un Guerrier).
Boston Early Music Festival Vocal & Chamber Ensembles, dir. Paul O’Dette et Stephen Stubbs (2019).
CPO 555 283-2 (1 CD). 1h16. Notice en français. Distr. DistrArt Musique.


La familiarité des musiciens de Boston avec le répertoire français du Grand Siècle n’est plus à démontrer, non plus que leur compréhension du style de Charpentier, auquel ils ont consacré plusieurs jolis enregistrements. La sensibilité de l’ensemble instrumental semble même s’être encore accrue, depuis leur doublon La Descente d’Orphée aux Enfers/La Couronne de Fleurs : les deux continuistes-chefs animent agréablement les récits, dosant à propos accélérations et alanguissements, l’équilibre entre les divers registres de flûtes (une spécialité du compositeur) est superbe, la chaconne finale des Arts Florissants, déliée et élégante, respire et s’éteint avec grâce, le « chœur » (de douze membres), sans être d’une homogénéité parfaite, se tire avec les honneurs des rires périlleux et des harmonies complexes qui émaillent la fin des Plaisirs de Versailles. Hélas, il y a la concurrence et, hélas, ici, aucun des chanteurs n’est véritablement francophone. Cela nous gêne particulièrement chez les sopranos, à l’élocution trop floue, ce qui, d’ailleurs, a des conséquences sur la justesse – ici, le rythme doit se caler sur la percussion des consonnes : difficile, dans ces conditions, d’apprécier la double Musique (le personnage intervient dans les deux œuvres) de Teresa Wakim, sans parler de la Poésie de Molly Netter. Si la mezzo Virginie Warnken et le baryton Jesse Blumberg négocient avec davantage d’aplomb le syllabisme rapide de la Conversation et de la Discorde, leur accent prononcé gênera l’auditeur français. L’ineffable haute-contre Aaron Sheehan elle-même ne se montre pas sous son meilleur jour en Peinture (mais réussit mieux le petit rôle du Plaisir). Pour découvrir Les Arts Florissants, on se tournera donc plutôt vers Christie (HM, 1981) ou Jarry (Château de Versailles, 2017). Les Plaisirs de Versailles ont été moins fréquentés, mais Christie, à nouveau, y distribuait des chanteurs plus aguerris (Erato, 1996).

Olivier Rouvière