Sondra Radvanovsky (Norma), Joseph Calleja (Pollione), Joyce DiDonato (Adalgisa), Matthew Rose (Oroveso), Adam Diegel (Flavio), Michelle Bradley (Clotilde), Orchestre et Chœur du Metropolitan Opera, dir. Carlo Rizzi, mise en scène : David McVicar (New York, 2017).
Erato 190295629762 (2 DVD). Distr. Warner Music.

David McVicar aurait-il renoncé à toute transgression ? Ou le simple drame de Romani lui aurait-il imposé la modestie d’une lecture évidente ? Dans une Gaule précise qui est celle du temps de l’action, dans des décors et des costumes réalistes, toujours en accord avec ce que dit la musique de Bellini, il raffine une direction d’acteurs certaine, donnant tout à voir et à comprendre. Passage obligé pour le novice qui voudra découvrir Norma, pour les autres qui auront subi des translations temporelles plus ou moins ridicules ou des lectures uniquement littérales, du pain bénit. Pourtant McVicar doit composer avec l’instinct théâtral de sa Norma : Sondra Radvanovsky campe un personnage d’un bloc qu’il tente de varier à force de suggestions que la prêtresse entend ou néglige. Presque malgré lui, cette Norma prend toute son ampleur dramatique lorsque le tempérament naturel de la soprano s’impose. Moments de grâce, les scènes avec Adalgisa où Joyce DiDonato irradie, lumière du timbre, beauté de l’intonation qui par contraste accusent les incertitudes de justesse dont Sondra Radvanovsky est victime plus d’une fois : son « Casta diva » éprouve le soutien de la colonne d’air, défaisant les registres, mais quelle soprano tendant vers le dramatique aura su concilier l’importance de l’instrument et l’allègement du bel canto, sinon Anita Cerquetti ? Le Pollione de Joseph Calleja rembourse une présence convenue par la beauté du chant, des aigus radieux, sans nous faire oublier des ténors d’un plus ample format (Corelli !), Matthew Rose n’en fait pas trop en Oroveso batailleur et c’est tant mieux, Carlo Rizzi laisse jouer un orchestre qui connaît sa Norma par cœur. Belle soirée à thésauriser d’abord pour son Adalgisa.

Jean-Charles Hoffelé