Julie Fuchs (Leïla), Cyrille Dubois (Nadir), Florian Sempey (Zurga), Luc Bertin-Hugault (Nourabad). Les Cris de Paris, Orchestre national de Lille, dir. Alexandre Bloch (Lille, concerts live 9-11 mai 2017).
CD Pentatone PTC 5186 685. Notice et livret bilingues (franç., angl.). Distr. Outhere.

On en rêvait depuis longtemps : voici des Pêcheurs de perles entièrement français, où chacun articule, respecte la prosodie et comprend les enjeux stylistiques de la partition ! Et comme tous sont jeunes, on peut espérer des lendemains… qui chantent. Julie Fuchs a la fraîcheur sensuelle et raffinée de Leïla, à peine lui reprochera-t-on un peu de paresse dans la vocalise à la fin du premier acte. On ne saurait rêver aujourd’hui plus beau Nadir que Cyrille Dubois, dont la Romance rejoint celles d’Alain Vanzo ou de Nicolai Gedda : parfaite maîtrise de l’émission, avec gestion idéale de la voix mixte – sans la moindre mièvrerie. Pour la qualité du timbre et la tenue de la ligne, Florian Sempey n’a rien à lui envier, lui qui possède de l’aigu à revendre – jusqu’au si bémol ! Mais les fureurs jalouses de Zurga le contraignent parfois, en particulier au troisième acte, à assombrir artificiellement le timbre et à forcer ses graves. De Nourabad, enfin, Luc Bertin-Hugault ne fait pas seulement un redoutable gardien de la loi, mais une figure protectrice. Nouveau chef de l’orchestre lillois, Alexandre Bloch cherche des couleurs subtiles, pétrit avec amour la pâte sonore, quitte à risquer une certaine lenteur et à relâcher parfois la tension, jouant en tout cas délibérément la carte du grand opéra plus que celle de l’œuvre de jeunesse. Ses musiciens jouent le jeu, comme les Cris de Paris, excellents. Donnés dans leur version originale de 1863, ces Pêcheurs de perles attestent la santé florissante de la jeune école française.

D.V.M.