Gerhard Ernst (Thomas Brockwiller), Maya Boog (Selma), Alexander Kaimbacher (le capitaine Arthur), Sieglinde Feldhofer (Miss Phoebe), Ilia Staple (Miss Edith), Rita Peterl (Miss Euphrasia), Jevgenij Taruntsov (Harold von Reckenburg), Anna-Sophie Kostal (Juliane von Reckenburg), Christoph Filler (Philly Kaps), Tomaz Kovacic (Huckland), Orchestre Franz Lehár et Chœur du Festival Lehár de Bad Ischl, dir. Marius Burkert (live 2016).

CD CPO 555 049-2. Livret en allemand. Distr. DistrArt Musique.

 

Créé au Theater an der Wien en décembre 1904, soit exactement un an avant La Veuve joyeuse (1905), Die Juxheirat (Le Mariage pour rire) valut à Lehár un modeste succès : outre 39 représentations à Vienne, l'opérette fut reprise à Berlin et à Munich avant de quitter rapidement l'affiche. Le livret du célèbre critique théâtral Julius Bauer (1853-1941) développe une intrigue passablement entortillée qui se déroule à Newport (Rhode Island) autour du milliardaire Thomas Brockwiller ; y sont convoqués pêle-mêle les thèmes du féminisme, de l'ambiguïté sexuelle et même de l'homoérotisme. Bien écrite pour la voix, superbement orchestrée, la partition reflète un talent hors du commun, mais qui cherche encore sa voie. À l'exception de l'entraînant ensemble féminin « Los vom Mann ! » et du délicieux Lied d'Arthur, les mélodies ne s'incrustent guère dans la mémoire de l'auditeur. Notons tout de même un spirituel dialogue musical au deuxième acte, où Lehár s'amuse à citer des extraits de Tristan et Isolde, Lohengrin et Les Maîtres chanteurs, et ce, un mois à peine après la création au Carltheater de la parodie wagnérienne Die lustigen Nibelungen d'Oscar Straus.

Écho de deux représentations données au Festival Lehár de Bad Ischl en août 2016, cet enregistrement brille davantage par ses qualités orchestrales que vocales. Si Marius Burkert galvanise son orchestre, qui sonne avec beaucoup d'éclat, les solistes possèdent pour la plupart des dons vocaux assez limités, en particulier en ce qui concerne les hommes. Au sein de la distribution se distingue néanmoins la superbe Miss Edith de la soprano Ilia Staple, aux aigus d'une belle assurance. À défaut de réunir une équipe satisfaisante, ce coffret a toutefois le mérite de faire connaître une œuvre non dénuée d'intérêt et de constituer un maillon de la précieuse collection Lehár de CPO.

L.B.