Katrin Wundsam (Hänsel), Alexandra Steiner (Gretel), Ricarda Merbeth (la Mère), Albert Dohmen (le Père), Christian Elsner (la Sorcière), Annika Gerhards (le Bonhomme de sable), Alexandra Hutten (le Bonhomme de rosée), Chœurs d'enfants de la Staatsoper Unter den Linden, Orchestre radio-symphonique de Berlin, dir. Marek Janowski (2016).

CD Pentatone PTC 5186 605. Distr. Outhere.

 

Marek Janowski continue d'enregistrer avec son orchestre berlinois son cœur de répertoire lyrique, le post-romantisme. Cycle Wagner achevé, c'est à Humperdinck qu'il s'attaquait à l'avant-veille de Noël 2016. En concert bien entendu, comme le prône désormais le chef polonais, qui n'aura renoncé à ne plus conduire à l'opéra que pour le Ring 2016/2017 à Bayreuth, malgré le « repoussoir » Castorf. Résultat dans sa ligne habituelle du chef, et qui divisera comme toujours par sa direction très raffinée mais aussi très lisse, qui complait à ceux que le manque de dramatisme ne perturbe pas. Ici, le chef et l'orchestre sont parfaitement en phase, pour une belle exécution sonore du bondissant opéra pour grands enfants, qui tombe quelque peu à plat : si l'on narre fort bien, l'on se laisse aussi aller : tempo souvent alangui (souvent pour aider Gretel) et qui fait que cela sonne joli mais pas vécu. Théâtre, où es-tu ? Comme ça semble long parfois, si l'on a encore l'extatique Karajan dans l'oreille - et d'autres aussi !

La distribution n'arrange pas la donne. Alexandra Steiner a une voix d'oiselle, certes, mais à l'aigu sans ravissement ; Katrin Wundsam est plus présente, plus convaincante aussi ; mais aucune de ces deux voix n'est assez marquante pour concurrencer vraiment nombre de celles qui ont fixé l'œuvre au disque au plus haut niveau. Ricarda Merbeth est une Mère mieux chantante que d'autres autrement déclinantes, et Alfred Dohmen impose son Peter sans grande peine, mais sans marquer plus que les autres. Un bon Bonhomme de sable, un très joli Bonhomme de rosée complètent heureusement l'ensemble. Reste la Sorcière, ici en version ténor : les Wagner de Christian Elsner des années 2000 sont loin. La voix bouge et, si le grave est profond, l'aigu est asséché, nasillard, et le passage continu de la voix centrale à la voix de tête, fort différentes, est trop fréquent pour ne pas devenir gênant. On est loin d'un Schreier ou d'un Ablinger-Sperrhacke, ou de l'anthologique Ludwig.

On a tant de versions majeures à réécouter que celle-ci ne prendra pas place parmi les priorités.

P.F.