Plácido Domingo (Macbeth), Ekaterina Semenchuk (Lady Macbeth), Ildebrando d'Arcangelo (Banquo), Joshua Guerrero (Macduff), Joshua Wheeker (Malcolm), LA Opera Orchestra & Chorus, dir. James Conlon, mise en scène : Darko Tresnjak (Los Angeles, 13 oct. 2016).

DVD Sony 88985403579. Synopsis en anglais. Distr. Sony.

Le public du Los Angeles Opera exulte. Pas nous - malgré notre immense admiration pour Plácido Domingo. On ne peut s'empêcher de trouver que ce Macbeth est pour lui le rôle de trop, le défi de trop dans sa quête d'une seconde carrière. On salue certes l'exploit d'un artiste qui, à 75 ans, enchaîne encore les prises de rôles - mais un exploit désormais vain, car il ne sert plus Verdi comme il l'a si magistralement fait par le passé. La sagesse voudrait que l'on préserve le souvenir de ce passé plutôt que de l'effilocher dans un chant qui n'est plus à la hauteur de lui-même : médium-grave peu audible, vibrato anarchique, ligne trop souvent hachée voire essoufflée - on ne veut pas voir ou entendre Domingo ainsi !

Autour de lui, Semenchuk s'efforce en Lady Macbeth et l'actrice est peu investie. D'Arcangelo est un Banquo de luxe mais à qui manque aussi un vrai travail sur le personnage. Joshua Guerrero tire son épingle du jeu en Macduff, tout comme le Malcolm de Joshua Wheeker. James Conlon est d'une prudence étrange, comme si les troupes du LA Opera risquaient à tout moment le faux pas.

Côté scène, il paraît que Darko Tresnjak connaît son Shakespeare et son Broadway. C'est surtout le second qui se retrouve ici, dans son plus mauvais côté : décors et accessoires kitsch (oh ces poupons aux yeux incandescents droit sortis d'une série B satanique !), sorcières entre Cats et Nuit des morts vivants - option ridicule -, éclairages psychédéliques, avec pour ancrer tout ça chez le vieux Bill un soupçon de costumes historicistes à faire pâlir le rayon panne de velours du Marché Saint-Pierre. Direction d'acteurs ? Néant. On joue à jouer, et cela crève l'écran.

Ni Macbeth, ni Domingo, ni le catalogue vidéo ne sortent rehaussés de l'aventure.

C.C.