Stuart Neill (Otello), Jessica Nuccio (Desdemona), Roberto Frontali (Jago), Davide Giusti (Cassio), Fondazione Orchestra Regionale delle Marche, Chœur Vincenzo Bellini, dir. Riccardo Frizza, mise en scène : Paco Azorín (Macerata, 2016).

DVD Dynamic 37767. Notice et synopsis en ital./angl. Distr. Outhere.

Coproduit par le Festival de Peralada, cet Otello y avait réuni, en 2015, Gregory Kunde, Eva-Maria Westbroek et Carlos Álvarez, déjà sous la baguette de Riccardo Frizza. Un an plus tard, la voici captée dans le Sferisterio de Macerata, vaste espace difficile où la production, visuellement, ne démérite pas. La mise en scène et les décors, signés Paco Azorín, font preuve d'une sobriété bien sentie, réveillée par les lumières d'Albert Faura et les vidéos de Pedro Chamizo, les costumes d'Ana Garay se partageant entre références élisabéthaines « punkisées » (plutôt réussies) et académisme un peu trop propre. Cela fonctionne sans pour autant offrir une vision puissante, d'autant que l'idée méta-théâtrale de départ (Jago en comédien appâtant le spectateur, avec machine à vent actionnée sur la scène) ne peut que faire long feu.

Côté musique, c'est moins primordial encore. Certes, Frontali tient son Jago en professionnel, la clarté de son timbre jouant au chat et à la souris avec la versatilité de sa composition. Certes, Jessica Nuccio est sensible et touchante, mais son timbre juvénile, malgré ses délicats aigus, manque d'assise, de projection et d'ampleur de phrasé. L'Otello de Stuart Neill, lui, dépare de bout en bout : ni la trajectoire vocale du héros défait ni son chemin de croix théâtral ne sont rendus, sauf à l'effort ou à l'instabilité qui sont de l'interprète plus que du personnage. Le travail scénographique d'Azorín trouve d'ailleurs sa complète limite dans une direction d'acteurs très lâche - même la mort de Desdemona est sans passion. Frizza, de son côté, fait ce qu'il peut avec les moyens qui lui sont ici offerts : chœurs approximatifs en timbre et en intonation, qu'il faut rattraper et soutenir, orchestre limité qui ne peut assumer ce Verdi mêlant déflagration tellurique et dentelle falstaffienne, qu'il faut soulager par des tempi choisis. Etait-il utile de commercialiser cela ?

C.C.