Lars Maller (Alessandro), Marie-Belle Sandis (Poro), Cornelia Ptassek (Cleofide), Iris Kupke (Erissena), Katharina Göres (Gandarte), Gundula Schneider (Timagene), Orchestre du Théâtre national de Mannheim, dir. Tito Ceccherini (2009).

Coviello Classics 20911. Notice en anglais. Distr. UVM Distribution.

Gian Francesco de Majo (1732-1770) est un intéressant représentant de l'école napolitaine « intermédiaire » qui prend place entre celle des années 1730 (Pergolesi, Vinci) et celle des années 1770 (Jommelli, Traetta). Né et mort (de la tuberculose, comme Pergolèse) à Naples, il fut surtout actif dans le Nord de l'Italie mais écrivit aussi pour diverses cours européennes : Madrid, Vienne et, surtout, Mannheim, où furent créés deux de ses dix-sept opéras - justement au moment où l'orchestre du cru passait pour le meilleur d'Europe. Il était donc intéressant de ressusciter cet Alessandro de 1765, qui ne flattait pas seulement les instrumentistes mais aussi les gosiers : les sopranos titulaires des deux rôles féminins principaux n'étant autre que Dorothea (Cleofide) et Elisabeth (Erissena) Wendling, futures créatrices des Ilia et Electre d'Idomeneo (1781). Hélas, l'ouvrage nous est parvenu sans ses récitatifs (à l'exception de trois brefs récits accompagnés) : on se demande bien, dans ces conditions, comment il a pu être mis en scène en 2008 à l'Opéra... de Mannheim, comme le prouvent les photos illustrant la pochette du disque ! D'autant que, d'une part, le célèbre livret de Métastase a été encore plus drastiquement raccourci dans la mouture de De Majo que dans celle de Haendel dont elle s'inspire ; et que, d'autre part, la musique, pour aimable et habile qu'elle soit, n'est pas d'une bouleversante expressivité (souvent très ornementée, elle annonce celle de Myslivecek et du Mozart de Mitridate). Enfin, si l'orchestre, sous la baguette efficace et motivée de Ceccherini, s'applique à évoquer l'ombre de son glorieux ancêtre (belle Ouverture empruntée à Adriano in Siria), les chanteurs ne se montrent pas à la hauteur : détimbrées (Schneider), souvent aigres (Sandis), sous-dimensionnées (Maller, baryton léger dans un vrai rôle de basse) voire carrément inécoutables (l'émission droite et étranglée de Ptassek), les voix ne s'appuient guère sur l'italien du texte pour construire la ligne. Seule exception : l'Erissena pleine de panache d'Iris Kupke, dont l'air final de l'acte II (avec hautbois et basson concertants) mérite à lui seul le détour.

O.R.