Rigoletto à Mantoue
Plácido Domingo
(Rigoletto), Vittorio Grigolo (le Duc de Mantoue), Julia Novikova (Gilda).
Réal. Marco Bellocchio (2010).
La Traviata à Paris
Eteri Gvazava
(Violetta), José Cura (Alfredo), Rolando Panerai (Germont).
Réal. Giuseppe Patroni Griffi (2001).
Tosca à Rome
Plácido Domingo
(Mario), Catherine Malfitano (Tosca), Ruggero Raimondi (Scarpia).
Réal. Giuseppe Patroni Griffi (1992).
Orchestre symphonique national de la RAI, dir. Zubin Mehta.
Belvedere 08017 (3 DVD + 1 DVD de bonus). Distr. Harmonia Mundi.


Un typique coffret-cadeau... à offrir à son pire ennemi.

Le contenu ? Trois opéras captés dans les lieux de l'action, comme le soulignent les titres rallongés - ou plutôt « Trois films en direct », comme le proclame la couverture (le mot « opéra » fait-il donc peur ?). Couverture sur laquelle ne figurent ni le nom de Verdi ni celui de Puccini, à aller chercher au dos en tout petits caractères : « musique : Giuseppe Verdi » - après tout, c'est bien ainsi qu'on indique au générique le compositeur de la musique d'un film, loin derrière la distribution... Aucune surprise, au demeurant : certes inédit au DVD, Rigoletto à Mantoue fut télédiffusé en mondovision le 4 septembre 2010, tout comme La Traviata à Paris en janvier 2001 ; quant à Tosca à Rome, elle avait été éditée en VHS puis LaserDisc chez Teldec.

Le contenant ? Un coffret et un livret d'accompagnement au graphisme d'une rare laideur et à la manipulation parfaitement incommode. Photos superposées, couleurs incohérentes, textes et informations non harmonisés et DVD empilés l'un sur l'autre (!). Plaisir de l'œil, joie de l'esprit...

S'agit-il au moins de versions de référence ? Certainement pas Tosca : les amoureux des décors romains originels iront plutôt chez Bartoletti/De Bosio, avec un Domingo en bien meilleure forme et une Kabaivanska inoubliable, ou bien chez Pappano/Jacquot dont la vraie vision de cinéaste transcende le couple Gheorghiu/Alagna. Moins encore pour La Traviata : Cura est à son moins bon, parfois même sans soutien, et Gvazava, sans aucune épaisseur ni vocale ni théâtrale ; du reste, à quoi rime le film-prétexte quand il s'agit de déplacer en 1900 une action que son livret situe autour de 1850 ou de tourner l'acte II... dans le Hameau de la Reine à Versailles ?! Direction d'acteurs relâchée façon soap opera, éclairages criards et réalisation de mauvaise télévision : à fuir.

On se consolera avec Rigoletto, qui fit événement car il s'agissait du premier Bouffon de Plácido Domingo « devenu baryton ». Certes, la voix ne parvient pas à remplir toutes les anfractuosités du personnage, mais la présence théâtrale est indéniable et prenante, tout comme celle du Sparafucile de Ruggero Raimondi, ombre de voix désormais. Avec le Duc crâne de Grigolo, la Gilda crédible et charmante de Novikova et, surtout, la réalisation stylée et pénétrée de Bellocchio : oui, cela fonctionne ! Mais de là à acheter, pour ce seul Rigoletto qui n'est tout de même pas un achèvement incontournable, cet indigeste produit marketé sans finesse...

C.C.