Paris, éditions Eyrolles.

Eyrolles réédite l'ouvrage d'Hervé Pata consacré à la technique vocale dans ses aspects parlé et chanté. On y retrouve ses limites et ses qualités. Pour première impasse, et malgré le bon sens et la prudence de l'auteur - permanents tout au long des conseils techniques dispensés dans le volume ou des exercices vocaux joints sous forme de CD -, s'impose le fait qu'on n'apprend pas à chanter ou à améliorer sa voix parlée grâce à un livre ou à un disque : la présence d'un professeur, son aptitude à réagir aux défauts singuliers de chacun et d'adapter le moindre exercice à ses besoins et limites intrinsèques, est indispensable. Ici par exemple, si chacun des exercices audio proposés est à l'évidence bien construit et judicieux, que pourrait en faire une voix féminine forçant sans même le savoir son poitrinage jusque dans le haut-médium, à part s'y fatiguer encore la voix en suivant la progression ascendante des vocalises sans corriger son registre ? Par ailleurs, ces exercices sont de niveau initiation, alors même que l'auditeur est censé connaître précisément sa tessiture pour les pratiquer - paradoxe (combien de sopranos se pensent altos faute simplement d'avoir épanoui leurs aigus ?). Dans les deux cas, impossible d'apprendre seul à gérer son passage de registre, zone pourtant fondamentale - et particulièrement propice aux problèmes vocaux en cas de mauvais usage. Enfin, l'ouvrage dans son ensemble survole trop de champs - tous passionnants - sans les développer vraiment : anatomie, physiologie, ethnomusicologie, histoire de la technique vocale occidentale, psychologie, sociologie - outre la psychanalyse, abordée sous un angle frôlant l'abus quand il s'agit de souscrire sans explications à la pensée du linguiste et psychanalyste Yvan Fonagy et de la résumer de façon radicale (caractères « anal », « urétral » ou « génital » de tel ou tel élément du langage).

Si le volume dessine avant tout des pistes d'amélioration de la voix parlée, débouchant sur le coaching de la prise de parole en public, on soulignera pourtant qu'il présente la vertu de corriger nombre d'idées reçues complaisamment véhiculées par moult prétendus spécialistes de la voix voire professeurs de chant méconnaissant le fonctionnement de leur propre instrument. On trouvera donc enfin de sains rappels concernant la fameuse « respiration par le ventre » (où l'air ne descend évidemment pas...), la mue (y compris féminine), les résonateurs (soigneusement listés, ce qui permet de préciser que le masque ou la poitrine n'en font pas partie !), la glotte et les cordes vocales. Pour cela, il constitue un volume que l'on pourra conseiller en marge d'une pratique vocale suivie auprès d'un professionnel scrupuleux, et une première lecture susceptible d'aiguiser la connaissance de la voix, si fascinante et par là-même si vite objet de mystification.

C.C.