Actes Sud / Palazzetto Bru Zane, 2018, 512 p., 13,50 €

Eu égard à la pauvreté de la bibliographie consacrée à André Messager (1853-1929), on aurait évidemment mauvaise grâce à ne pas accueillir avec enthousiasme cet ouvrage de plus de 500 pages qui brosse le portrait d'un musicien parmi les plus fascinants de la Belle Époque et de l'entre-deux-guerres. La somme des documents compulsés impressionne : Christophe Mirambeau traque le moindre renseignement relatif au compositeur de Véronique, à ses collaborateurs (librettistes, directeurs de théâtre, metteurs en scène, interprètes) et cite de très nombreux articles de journaux concernant la création de chacune de ses œuvres. Manifestement, l'auteur connaît fort bien la vie artistique des années 1880-1930 et a effectué une recherche approfondie. Il accorde toutefois une telle importance à ses sources et aux notes en bas de pages qu'elles en viennent à phagocyter son texte, en particulier dans les derniers chapitres, qui enchaînent d'interminables citations. C'est d'autant plus dommage que d'autres parties de la biographie font preuve d'un bel esprit de synthèse. Cela dit, le lecteur apprendra ici une foule de détails passionnants sur le chef d'orchestre génial qui créa Pelléas et Mélisande à l'Opéra-Comique et donna les premiers cycles du Ring à l'Opéra de Paris – dont il fut le directeur avec Leimistin Broussan de 1908 à 1914 –, sur l'homme au caractère difficile, voire intransigeant, qui vécut de nombreuses brouilles professionnelles et enfin sur les délicieux ouvrages de celui que Benoît Duteurtre appelle « le musicien des sentiments quotidiens » (André Messager, Klincksieck, 2003).

L.B.