Fac-similé de son catalogue thématique. Notes éditoriales d’Albi Rosenthal et Alan Tyson (en anglais, français et allemand).
Cambremer, SP Books/Editions des Saints Pères, 2 volumes reliés sous étui, 2018

Quel mozartien fervent ne sera pas ému de tenir entre ses mains un document de la propre écriture du musicien ? Pas facile de déchiffrer la graphie allemande, mais l’écriture musicale, si rapide mais si fine et si claire, trouvera son écho à l’oreille de qui cherchera à en reconnaître la musique !

Sur la page de titre, on devine Verzeichnüss aller meiner Werke vom Monath febraio 1784 bis Monarth… Autrement dit Répertoire de toutes mes œuvres du mois de février 1784 jusqu’au mois… Soit à partir du Concerto pour piano K. 449 jusqu’à novembre 1791, donc jusqu’à La Flûte enchantée, le Concerto pour clarinette et la Petite Cantate maçonnique. Les pages suivantes, vides, s’ouvrent béantes sur la mort. Aurait dû y figurer le Requiem, s’il avait été achevé. Et tout ce que le génie aurait encore porté en lui, à jamais inaccompli.

Sur la page de gauche, Mozart indique la date, le titre de l’œuvre, les instruments requis et, le cas échéant, le nom des chanteurs auxquels elle est destinée. Sur la page de droite, chaque fois sur deux portées, les trois ou quatre premières mesures.

On ne sait pourquoi Wolfgang a décidé un beau jour de tenir son catalogue. Pour mettre de l’ordre dans sa vie au moment où il jouit de sa pleine indépendance ? Pour garder trace presque jour après jour de tout ce qu’il crée, avant que les manuscrits ne se dispersent chez les éditeurs et les interprètes ? On imagine en tout cas combien ce document est précieux pour qui veut étudier sa chronologie. Ou tout simplement pour qui aime Mozart. Comme le dernier propriétaire du manuscrit, avant qu’il ne parvienne à la British Library, l’écrivain autrichien Stefan Zweig.

Le second volume reprend la double page du manuscrit en format réduit et en donne la transcription en anglais et en français, avec parfois une précision supplémentaire (par exemple : « Sixième et dernier des quatuors dédiés à Haydn »). On aurait souhaité que, pour faciliter l’identification, figure encore le numéro correspondant du catalogue Koechel.

Les commentateurs racontent le destin du manuscrit après que Constance l’a vendu à l’éditeur André. Ils listent les compositions perdues (de quoi faire souhaiter qu’on les retrouve un jour !), les quelques omissions et en expliquent les probables raisons.

Du travail bien fait, pour mettre en valeur un document précieux.

P.M.