Hui He (La Gioconda), Hugh Smith (Enzo Grimaldo), Luciana d'Intino (Laura), Francesca Franci (La Cieca), Carlo Striuli (Alvise), Lado Ataneli (Barnaba). Chœur et Orchestre Philharmonique Salernitana Giuseppe Verdi, dir. Yishai Steckler (Salerno 2012).
CD Brilliant Classics 94607. Distr. Abeille Musique.

Faut-il tout capter et surtout publier ? Cette Gioconda a dû s'entendre et même faire des heureux au Teatro Verdi, mais en disque elle ne montre, à une notoire exception près, que ses creux. Orchestre modeste, distribution presque toujours en deçà des exigences - extrêmes il est vrai - mises par Ponchielli à son chef-d'œuvre. Le pire : Hugh Smith, de son gros ténor, cherche toujours la ligne et va à l'aigu en poussant - souvent sans y parvenir, d'ailleurs. A fuir. Tout aussi en malcanto le Barnaba à l'émission instable et très fâché avec la justesse de Lado Ataneli, caricature  un personnage qui n'en a pas besoin. Et l'Alvise délavé, incertain, plus barbon que monstre de Carlo Striuli, stridule justement de tout son vibrato. Francesca Franci avoue l'âge de La Cieca, les comprimari sont pâlissimes et même Luciana d'Intino est dans un mauvais jour, poitrinant sa Laura encore plus qu'à Bastille récemment ; mais du moins le personnage est là, conquérant, ravageur, emportant toute la fin du II. Et Gioconda ? Hui He s'approprie le rôle, touchante, en grande voix, elle met dans son chant - toujours juste de notes, d'émotion, de mots - une admirable ligne belcantiste sans renoncer à la puissance qu'exige le rôle. « Suicido » magnifique, vertigineux. On applaudit... mais on applaudit elle seule !

J.-C.H.