Christof Fischesser (Sarastro), Julia Novikova (la Reine de la nuit), Malin Hartelius (Pamina), Michael Schade (Tamino), Thomas Tatzl (Papageno), Regula Mühlemann (Papagena), Klaus Kuttler (Monostatos), Clemens Unterreiner (Tipheus). Orch. du Mozarteum et Bachchor de Salzbourg, dir. Ivor Bolton, mise en scène : Alexandra Liedtke (Salzbourg 2012).
DVD Arthaus Musik 101 677. Distr. Harmonia Mundi.

Quelle heureuse découverte ! Bien oublié aujourd'hui, Peter von Winter (1754-1825) connut cependant une gloire durable grâce à son opéra Le Sacrifice interrompu, créé à Vienne en 1796. Deux ans plus tard, Schikaneder, afin d'attirer le public à son théâtre Auf der Wieden, commanda au compositeur une suite à La Flûte enchantée. Ce sera Le Labyrinthe ou le combat contre les éléments, « grand opéra héroï-comique » pour lequel Schikaneder imagina une intrigue encore plus tarabiscotée que celle de La Flûte et où il reprit son rôle de Papageno. Comme on peut bien s'en douter, la Reine de la nuit lutte encore ici contre Sarastro, enlève Pamina, mais doit, au dénouement, s'avouer vaincue devant Sarastro. En plus de multiplier les allusions tantôt amusantes, tantôt délicates à la partition de Mozart, Winter a conservé les caractéristiques musicales de chacun des personnages et écrit une œuvre pleine d'imagination, souvent même brillante, voire émouvante.

Sur une très étroite scène construite dans la cour de la résidence des princes-archevêques de Salzbourg, Alexandra Liedtke a réalisé une mise en scène pleine de fantaisie qui, grâce à de simples panneaux et rideaux peints, rend possibles les multiples changements de décors. Plus que le ventripotent Tamino à la voix fatiguée de Michael Schade ou le Sarastro sans rayonnement de Christof Fischesser, on retiendra la touchante Pamina de Malin Hartelius, la très solide Reine de la Nuit de Julia Novikova, l'exquise Papagena de Regula Mühlemann et surtout le magnifique Papageno de Thomas Tatzl. Ivor Bolton emporte solistes, chœurs et orchestre dans un joyeux tourbillon qui nous donne furieusement envie d'entendre d'autres opéras de Winter.

L.B.