Albert Dohmen (Wotan / Wanderer), Kataryna Dalayman (Brünnhilde-Walkyrie), Linda Watson (Brünnhilde-Siegfried et -Crépuscule), Stephen Gould (Siegfried), Waltraud Meier (Sieglinde), Christopher Ventris (Siegmund), Janina Baechle (Fricka, Waltraute), Adrian Erod (Loge), Markus Eiche (Donner, Gunther), Herbert Lippert (Froh), Anna Larsson (Erda), Ain Anger (Fafner), Lars Woldt (Fasolt), Tomasz Konieczny (Alberich), Wolfgang Schmidt (Mime), Eric Halfvarson (Hunding, Hagen), Caroline Wenborne (Gutrune). Ch. et Orch. de l'Opéra de Vienne, dir. Christian Thielemann (Vienne, nov. 2011).
CD DG 4791560. Distr. Universal.

Un regret pour commencer : que l'on n'ait pas la captation vidéo de ce Ring viennois. Du moins aurait-on pu documenter ainsi le spectacle sobre et assez littéral de Sven Erich Bechtolfs, intérêt majeur de l'entreprise, car il faut bien avouer que l'oreille seule n'est guère gâtée. La faute d'abord à la direction épaisse, lente, tour à tour maniérée ou pompière de Chiristian Thielemann. Un exemple : la reprise de la Chevauchée des Walkyries, lourde, plombée - on ne dirige plus Wagner comme cela après Pierre Boulez, que dis-je, après Clemens Krauss ! Au final, on sauvera - pour ce qui est du chef - Siegfried, plein d'atmosphère sinon de vitalité, pour mieux condamner un Rheingold gris trottoir, interminable tunnel, une Walküre sans feu, pesante, un Götterdämmerung interminable et sans aucune tension. On ne retrouvera que par éclipse la grande arche jadis tendue à Bayreuth par le même chef.

Très petite distribution. Trop tard pour le Siegfried de Stephen Gould qui va pourtant au combat vaillamment, trop tôt peut-être pour l'Alberich sans noirceur, sans mordant du très bien-chantant Tomasz Konieczny, Mime timide selon Wolfgang Schmidt mais qui du moins chante, tournant le dos à la méchante tradition des Mime seulement bavards inaugurée par Gerhard Stolze pour Karajan ; deux Brünnhilde, Kataryna Dalayman assez touchante pour Walküre, Linda Watson ensuite - plus matrone qu'amante ou furie pour le caractère, bien-chantante mais aux aigus fanés. Si l'on ajoute un Wotan atone - Dohmen, voix élimée, mots absents -, une prise de son calamiteuse - très basse et très plate -, on aura compris que ce Ring est absolument oubliable sinon le couple inattendu Sieglinde-Siegmund : magnétique Waltraud Meier qui allège son timbre inoxydable, intense Christopher Ventris qui se brûle à des « Wälse ! » mémorables, tous deux se débrouillant malgré la morne battue du chef pour nous transporter enfin au théâtre. Deux DVD d'introduction au Ring, réservés à un public non francophone, complètent cette entreprise caduque.

J.-C.H.