Cecilia Fusco (Lisetta), Nicola Monti (Sandrino), Sesto Bruscantini (Teodoro), Paolo Pedani (Taddeo), Florindo Andreolli (Gafforio). I Virtuosi di Roma, dir. Renato Fasano (live 1962).
CD Andromeda ANDRCD 5153. Distr. Abeille Musique.

Plus d'un quart de la musique est passé à la trappe : six airs, un duo, trois scènes du deuxième acte, deux personnages secondaires, tous les chœurs et une grande partie du finale secondo, sans parler même des récitatifs drastiquement réduits. Pourtant ce qui est donné à entendre mène l'auditeur de surprise en émerveillement par son originalité, sa richesse d'invention, son charme. On dit que cet unique opéra viennois de Paisiello, créé en 1784, eut une influence directe sur Mozart. De fait, le remarquable finale en chaîne du premier acte n'est pas sans évoquer celui des Noces – mais l'inspiration mélodique de l'Italien reste plus populaire, ses airs plus virtuoses et plus légers, sa façon aussi de juxtaposer plus que d'intégrer les différents registres (comique, tendre, pathétique) très caractéristique de l'Ecole napolitaine. Elle évoque déjà les opéras semiséria des années 1810. Cette histoire – contemporaine – d'un roi déchu réfugié incognito dans une auberge vénitienne pour échapper à ses ennemis et à ses créanciers, et qui tombe amoureux de la fille de l'aubergiste, s'inspire d'un personnage historique et étonne par sa modernité. La distribution réunie par Renato Fasano, spécialiste de la résurrection du XVIIIe italien dans les années 60, vaut surtout pour son homogénéité et pour la présence dans le rôle-titre de Sesto Bruscantini. Méritent aussi mention l'agréable Lisetta de Cecilia Fusco et l'élégant Sandrino de Nicola Monti. L'ensemble, en tous cas, triomphe sans problème d'un enregistrement un peu précaire et donne envie d'en entendre plus – et de l'opéra, et du compositeur.

A.C.